Découvrez le témoignage du Dr Besher Alhajhusain, coordinateur des projets de santé mentale, au sujet de la santé mentale dans les zones de conflit.

Les maladies mentales sont-elles plus fréquentes en zones de guerre ?

Dr Besher Alhajhusain : « Des troubles légers peuvent se déclarer plus fréquemment. Il est par exemple très fréquent de rencontrer des cas comme des troubles d’adaptation et des troubles liés au stress. Mais des cas plus sérieux se développent également. Il existe différents types d'anxiété, tout un spectre : anxiété généralisée, phobies, tocs, etc., les formes sont diverses et leur prise en charge l'est tout autant. Comme toujours, si ces troubles ne reçoivent pas l’attention et les soins nécessaires, les symptômes peuvent s’aggraver. Apparaissent alors des problèmes comme la psychose, la bipolarité, la dépression majeure. Les problèmes sont très variés, des troubles légers au troubles sévères ».

Quel va être le challenge en Syrie pour le traitement de ces maladies mentales ?

Dr Besher Alhajhusain : « Il y a un grand manque de professionnels de santé spécialisés en santé mentale... Nous en avons tellement peu. Nous formons toujours plus de médecins, afin que chaque personne puisse bénéficier de l'aide dont elle a besoin. Il doit y avoir quelque chose comme 3 psychiatres, dont 1 est salarié de l’UOSSM, pour au moins 5 millions de personnes ».

Ces troubles mentaux sont-ils le résultat du conflit seul, ou découlent-ils d'autres facteurs ? 

Dr Besher Alhajhusain : « De nombreux syriens ont des problèmes liés aux traumatismes de la guerre, parce que pour la plupart, leur vie a été clairement menacée. Mais de nombreux autres facteurs provoquent des situations de stress : il n’y a pas de travail, pas d’argent, pas de ressources, pas d’eau, de nourriture… En résulte à la fois un chaos social et émotionnel. Lorsque c'est le cas, on retrouve chez ces personnes des troubles complexes, tels que le stress post-traumatique ou la dépression, allant jusqu'à des envies suicidaires ».

Quelles sont les actions de l'UOSSM pour prendre en charge ces troubles mentaux ?

Parce que les séquelles de la guerre ne sont pas seulement physiques mais aussi psychologiques, l’UOSSM a développé un programme national de santé mentale et de soutien psychologique depuis 2013. En Syrie, nous avons ouvert l'unité de santé mentale Sarmada, le deuxième plus grand établissement médical spécialisé dans les soins psychologiques et psychiatriques du pays. Il est équipé de 4 cliniques mobiles qui se déplacent dans les camps, les écoles, les maisons de soin et de convalescence. De plus, 21 de nos centres de santé primaire ont des services de santé mentale. En Turquie, l'UOSSM a ouvert 5 centres, dont un à Reyhanli, le plus grand centre pour les réfugiés syriens.

En savoir plus : https://www.uossm.fr/nos-programmes