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Les médecins et le personnel médical sont en première ligne de la guerre en Syrie. Le siège d'Alep et l'intensification des bombardements sur les structures médicales (4 hôpitaux ont été détruits par des raids aériens ce WE) ont considérablement détérioré une situation humanitaire déjà très préoccupante. Aujourd’hui, des médecins français et syriens se mobilisent pour dénoncer ces actes barbares et interpellent la communauté internationale sur l'urgence de protéger les civils et le personnel médical. 

Face à cette catastrophe sanitaire et humanitaire visant les civils, les hôpitaux et le personnel médical, ces médecins et humanitaires à Alep, en Syrie et partout dans le monde, lancent un appel au secours : #SOSMedecinsAlep. Ils ont choisi de prendre la parole à travers de courtes vidéos afin de raconter la situation. Ils vivent à Alep ou ont exercé à Alep comme médecins humanitaires, ils prennent la parole solennellement pour demander :

  • l’arrêt immédiat des bombardements,
  • de stopper les frappes ciblées sur les hôpitaux et les établissements de santé,
  • l’ouverture d’un couloir humanitaire permettant d’acheminer du matériel médical, de la nourriture et la libre circulation du personnel médical dans la ville venu soigner les blessés.

Ce sont des témoignages inédits recueillis par notre reporter sur le terrain : 

Les médecins qui se joignent à l’appel #SOSMedecinsAlep

  • Dr Bakry Maaz, chirurgien orthopédique à l’hôpital M1 à Alep.
  • Ahmed Al-Halabi, infirmier à l’hôpital M1  à Alep.
  • Abou Ali, technicien en radiologie à l’hôpital M10 d’Alep.
  • Qussai Al-Halabi,  technicien en radiologie à l’hôpital M1 d’Alep.
  • Dr Mohamad Chahine, dentiste dans une clinique dentaire de l’UOSSM à Alep, a quitté Alep le 13 juillet 2016  pour rejoindre sa femme en Turquie qui va donner naissance à leur enfant dans les prochains jours. Dès la naissance de leur enfant, il compte retourner à Alep.
  • Dr Aziz, chirurgien général à Alep et directeur de recherche auprès de l’UOSSM, a quitté Alep le 29 juin 2016 pour la Turquie.
  • Dr Raphaël Pitti, responsable du service de réanimation à la clinique de Gentilly à Nancy, Professeur de médecine d'urgence et de catastrophe, chargé de mission de formations à la médecine de guerre auprès de l’UOSSM en Syrie.
  • Dr Zouhair Lahna, chirurgien obstétricien franco-marocain. Depuis deux ans, il exerce principalement comme médecin humanitaire en Syrie où il est chargé de missions de formations de gynécologues et sages-femmes auprès de l’UOSSM.
  • Dr. Anas Al-Kassem, chirurgien traumatologue et président de l'UOSSM Canada. 
  • Dr Ziad Alissa, médecin Anesthésiste - Réanimateur et président de l'UOSSM France.

Voir les témoignages vidéos exclusifs

Alep, une ville assiégée et des hôpitaux pris pour cibles

Depuis plusieurs jours, la ville d’Alep est en état de siège complet, les forces gouvernementales ont fermé les routes vers la ville notamment la route principale de Castello empêchant l’acheminement de nourriture, de matériel médical et de médicaments auprès des populations civiles affectées par les bombardements. Les 300 000 habitants de la ville d’Alep (qui en comptait 2 millions avant le conflit) sont étouffés par l’état de siège et sont sous le feu quotidien des attaques aériennes. Le week-end dernier, dans la nuit du 23 au 24 juillet, 4 hôpitaux ont été pris pour cibles en moins de 24h : l'hôpital Al Bayan, Al-Hakim, Al-Zahra, Al-Dakak ainsi qu'un centre de banque de sang. Ils sont aujourd'hui hors service et ne peuvent plus accueillir patients et victimes. Seuls 5 hôpitaux sont encore en service dans la ville pour une population de 300 000 habitants depuis le conflit et le siège d'Alep. La population et le personnel médical sont à l'agonie dans une ville assiégée.

Des bombardements qui font suite à des attaques incessantes depuis la semaine dernière et ces derniers mois. Le 14 juillet, l’hôpital M2, qui traite 25% des besoins médicaux de la ville d’Alep, a été bombardé et a dû être fermé suites aux dommages. Le 19 juillet, une ambulance proche d’un hôpital, a été visée par une attaque aérienne. Le 21 juillet, l’unique centre médico-légal d’Alep a été entièrement détruit. Le Dr Othman Hajawi, dernier cardiologue de la ville, a été grièvement blessé lors d’une attaque aérienne dans la nuit de mercredi à jeudi. Il a été pris en charge aux soins intensifs. Le 28 avril 2016 déjà, le dernier pédiatre de la ville Muhammad Wassim Moaz est mort suite au bombardement de l’hôpital Al-Quds. Le nombre de civils tués ou blessés ne cessent de croître et se comptent par centaines ces dernière semaines.

“Les docteurs à Alep sont submergés et déprimés. Ils sont littéralement piégés dans les hôpitaux et travaillent plus de 18 heures par jour. Avec la fermeture de l’hôpital M2, le système médical est entrain d’atteindre son point de rupture” explique le Dr Aziz, chirurgien général à Alep et directeur de recherche de l’ONG UOSSM à Alep. Bientôt, Alep sera privé complètement d’accès aux soins médicaux.

Ainsi, loin d’être des dommages collatéraux, les professionnels de santé et les hôpitaux sont délibérément visés dans le cadre d’une stratégie militaire systématisée et largement utilisée. Le réseau syrien pour les droits de l’Homme annonce le chiffre effrayant de 80 établissements détruits par ces attaques au premier semestre. 81 membres du personnel médical et casques blancs auront perdu la vie durant la même période. Depuis le début du conflit en 2011, plus de 700 médecins et personnels médicaux, ont été tués lors d’attaques d’hôpitaux selon le président de la commission d’enquête de l’ONU sur les droits de l’Homme en Syrie, le Brésilien Paulo Pinheiro qui s’est exprimé à Genève le 21 juin 2016.

“Nous enjoignons la France et la communauté internationale à tout mettre en oeuvre pour arrêter les bombardements, protéger les hôpitaux et le personnel médical ainsi que les populations civiles syriennes. Nous ne pouvons rester aveugle à cette catastrophe humanitaire et sanitaire que subit la Syrie à cause de ses attaques aériennes incessantes.” Dr Ziad Alissa, président de l’UOSSM France.

L’UOSSM, Union des Organisations de Secours et Soins Médicaux est une organisation humanitaire médicale internationale dont la mission est d’apporter secours et soins médicaux aux populations affectées par le conflit en Syrie, sans aucune considération pour leur nationalité, leur origine ethnique, leur sexe, leur religion ou leur affiliation politique. Crée en 2012, l’UOSSM a déployé son action autour de cinq programmes majeurs en Syrie pour accompagner et soutenir le personnel soignant, les victimes civiles et les malades au quotidien : la construction et le soutien d’hôpitaux, la mise en place de centres de soins primaires, de centres de soutien psychologique et de santé mentale, la formation du personnel médical et la recherche médicale. L’UOSSM soutient plus de 120 hôpitaux et plus de 200 centres de santé à travers toute la Syrie.

Pour venir en aide aux victimes du conflit, soutenir les médecins et le personnel médical et reconstruire les hôpitaux bombardés, je fais un don, je sauve des vies.