En Syrie, le nombre de cas positifs au covid-19 a triplé en l’espace d’un mois.

La Syrie subit actuellement la vague la plus importante de COVID-19 qu’elle n’ait jamais connue. En octobre 2021, seulement 3% de la population est vaccinée dans le nord-ouest de la Syrie. C'est loin d'être suffisant pour faire face au désastre sanitaire.

Dans une Syrie en ruines après 10 ans de guerre, l’épidémie fait rage. C'est la double peine pour un peuple déjà à bout de souffle. Une aide internationale d’urgence s’impose. Les hôpitaux, déjà dépassés par 10 ans de bombardements et d’un système de santé quasi-inexistant, sont saturés, les soignants sont débordés. Une situation incontrôlée qui nécessite une réponse dès à présent.  

Aujourd’hui, la  seule réponse à la COVID-19 en Syrie est de renforcer la capacité du système sanitaire, offrir aux soignants de réels moyens de soigner et de sauver des vies. 

Covid-19 en Syrie : une réalité difficile à évaluer

En Syrie, les chiffres de la COVID-19 sont clairement sous-évalués. Ce sont le quotidien et le vécu des soignants dans les centres de santé et les hôpitaux qui permettent de prendre le pouls de la réalité épidémiologique et sanitaire du pays. Pour exemple, le Nord-Est du pays ne dispose que d’un seul laboratoire de test qui ne permet pas de recenser la totalité des cas de COVID-19.

Le système de santé ne tenait déjà plus qu’à un fil, que ce soit dans le Nord-Ouest ou le Nord-Est du pays. Vient s’ajouter aux conséquences désastreuses de la guerre, le manque de moyens matériels, humains et de données pour lutter efficacement contre la pandémie. 

Il y a un énorme fossé entre les besoins nécessaires à une campagne de traitement médical contre la COVID-19 et les ressources dont disposent les soignants. Le variant Delta a mis les équipes médicales sous pression. Ils manquent de formation médicale pour prendre en charge les cas sévères. Les centres d’isolation et de traitement sont saturés et ne permettent pas de prévenir la diffusion du virus. Les hôpitaux disposent d’un équipement très limités avec seulement 200 lits de réanimation et 95 respirateurs pour une population de 4 millions d’habitants dans la région d’Idleb. Acculés par la COVID-19 et son variant Delta, les patients atteints d’autres maladies ne peuvent être traités dans de bonnes conditions. 

"Aujourd’hui, c’est la deuxième vague de la COVID-19 dans le nord de la Syrie. C’est le variant Delta qui prédomine dans cette région. La COVID-19 menace la santé de milliers de personnes, et le pic épidémiologique n’est pas encore atteint. Aujourd’hui, nous voyons des enfants hospitalisés dans les hôpitaux d’Idleb, avec des tests positifs et des symptomatologies sévères. On a eu le décès d’un enfant de 6 ans hier. La situation à Idleb est catastrophique, avec un taux d’occupation de 100% des 200 lits de réanimation." Dr Jubran Durbas, chirurgien vasculaire, médecin UOSSM France sur RFI.

Les populations quant à elles, déjà épuisées par 10 ans de guerre, peinent à appliquer les gestes barrières et sont dans l’impossibilité de s’isoler quand cela est nécessaire, vivant dans des camps de fortune peu adaptés à une prise en charge médicale. 

La meilleure réponse au Covid-19 : renforcer le système sanitaire en Syrie

Les enjeux principaux aujourd’hui en Syrie pour répondre à la pandémie de la COVID-19 restent l’approvisionnement en équipements médicaux avec un manque crucial d’alimentation en oxygène et en matériel de protection, la prévention à travers la sensibilisation des populations, la formation des soignants pour la prise en charge des cas les plus sévères notamment en réanimation. D’autre part, il est indispensable d’assurer une continuité de service au sein des centres de santé et dans les hôpitaux pour soutenir l’afflux de patients COVID-19 et non-COVID-19. 

Triage, isolation, oxygène et formation sont donc au cœur du dispositif mis en place par l’UOSSM France dans son plan de lutte contre la COVID-19 en coordination avec les instances civiles de santé dans le Nord-Ouest et Nord-Est du pays. 

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En juillet dernier, le Dr Ziad Alissa et le Pr Raphaël Pitti se sont rendus en Syrie pour une formation historique pour lutter contre la COVID-19. Le Pr Raphaël Pitti, responsable Formation de l'UOSSM France, témoigne sur cette formation : 

"Nos collègues syriens, que nous avons interrogés dès le début de la formation, les 18 médecins présents,  nous ont exprimé toutes les difficultés auxquelles ils ont été confrontés. Cela a été des problèmes de réanimation, de problèmes d'oxygène, des problèmes de places. Dans la période où ils ont été submergés par le nombre de patients COVID, ils ont été amenés à utiliser l’oxygène industriel, par manque d’oxygène médical. C’était pour eux une difficulté supplémentaire parce qu’ils ne connaissaient pas la qualité de cet oxygène sur le plan de sa pureté, avec le risque éventuel d’aggraver les lésions pulmonaires." 

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Les défis et les enjeux sanitaires sont encore immenses. Nous avons besoin de votre soutien pour renforcer le système de santé syrien et endiguer la pandémie.