A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, l’UOSSM annonce son ambition de mettre en place le programme d’empowerment des femmes soignantes en Syrie « Women for Health and Society in Syria » 2018-2020. A cette occasion, chaque semaine, au mois de mars, l’UOSSM vous fera découvrir l’une de ces femmes soignantes et plongerez au cœur de leur réalité en Syrie. Pour cette première semaine, rencontre avec le Dr. Rawa, jeune gynécologue dans un centre de santé à Ariha en Syrie et formée par l’UOSSM, qui nous partage son expérience.
D. Rawa, pourquoi soutenir le programme « WOMEN FOR HEALTH AND SOCIETY IN SYRIA » ?
« J’ai obtenu mon diplôme de médecine à l’université d’Alep en 2014. Par la suite, je me suis spécialisée en gynécologie obstétrique à l’hôpital national d’Idleb. Avec la guerre, je n’ai malheureusement pas pu poursuivre ma spécialité. J’ai donc travaillé dans les hôpitaux soutenus par les ONG et j’ai du faire face aux bombardements sur les centres de santé et les hôpitaux. C’était très difficile, un environnement de guerre et de destruction qu’il ne m’avait jamais été donné de voir.
Cette expérience m’a permise de gagner en compétences et j’ai beaucoup appris auprès des femmes médecins de ces hôpitaux humanitaires. J’ai pu ensuite intégrer le centre de santé primaire d’Ariha de l’UOSSM en tant que résidente en obstétrique et gynécologie. Mes patients sont souvent des femmes enceintes, des femmes souffrant d’infections, d’infertilité, de troubles du cycle menstruel, etc.
Dans les hôpitaux où je travaillais, la plupart des cadres de santé étaient des femmes. Aujourd’hui, j’aspire à poursuivre ma spécialité en obstétrique et gynécologie et mettre mes compétences au service des populations. En tant que femmes médecins, je milite pour la mise en valeur des compétences des femmes en Syrie et lutter contre leur marginalisation. D’une certaine manière, ce contexte de guerre est un challenge pour les femmes, l’occasion de mettre en valeur notre capacité et nos compétences notamment dans le domaine médical.
Pour faire que les femmes soient plus impliquées dans la société, il faut assurer une égalité entre les sexes et ne pas marginaliser le rôle de la femme. Il faut construire des institutions pour soutenir les femmes dans tous les domaines. Si cela est appliqué sur le court terme, et plus encore sur le long terme, l’impact sera significatif et permettra de faire avancer la société. Les formations offertes par l’UOSSM pour former les femmes dans le milieu médical local vont aider à cet avancement.
Le rôle des femmes syriennes dans les prochaines années pour promouvoir la paix et renforcer les communautés locales n’a pas de limites. Les femmes sont celles qui donnent naissance, éduquent, prennent soin de leurs enfants et leur foyer. Ce sont aussi celles qui travaillent pour aider leur mari avec qui elles partagent équitablement des responsabilités. Ces femmes, peuvent être médecins, professeures, ingénieures, infirmières et tant d’autres métiers, aux travers desquels elles se dévouent pour leur pays et pour leurs proches, aux côtés des hommes. Main dans la main, femmes et hommes construisent l’amour, la fidélité, l’entre-aide au service et pour faire avancer la société. »
« WOMEN FOR HEALTH AND SOCIETY IN SYRIA » : « UNE FEMME FORMÉE ET INSÉRÉE PROFESSIONNELLEMENT POURRA FOURNIR DES SOINS DE SANTÉ DE 50 À 250 FAMILLES DE SA COMMUNAUTÉ LOCALE. »
*photos prises dans notre centre de soutien psychologique et de santé mentale à Reyhanli où travaille Khouloud Al-Abboud © Sylvie Legoupi