Formation inédite des médecins français, aux soignants du nord-ouest de la Syrie

1 avril 2020

 

Ce lundi 30 mars 2020, les médecins de l’UOSSM : le Pr Raphaël Pitti, médecin-anesthésiste réanimateur, opérant au service de réanimation de l’hôpital de Metz ; le Dr Ziad Alissa, médecin-anesthésiste réanimateur, opérant au service de réanimation de l’hôpital de Clermont de l’Oise et Beauvais ; et le Pr Abdulmonim Hamid, pneumologue, référent scientifique à l’hôpital Foch, ont réalisé une première formation pour 70 soignants du nord-ouest de la Syrie, sur le sujet du COVID-19.

 

Au programme : 

• Présentation et rappel des maladies virales

• Le virus SARS-COV-2, conduisant au COVID-19

• Le diagnostic et le triage 

• Le protocole thérapeutique, et sa possibilité en Syrie

Ces formations mises en place conformément aux directives de l’OMS, sont essentielles pour rappeler les risques liés au COVID-19. Il y a été rappelé que le coronavirus est une maladie dont le taux de contagion est de 3,5 (c’est-à-dire qu’une personne contaminée, contamine à son tour 3,5 autres personnes), alors qu’une pandémie saisonnière classique, type grippe, est légèrement supérieur à 1. Si rien n’est fait en Syrie pour freiner la propagation de la maladie, 80 à 90 % de la population pourraient être touchées. 

Alors même qu’il n’y a que 201 lits de soins intensifs et 95 respirateurs disponibles dans tout le nord-ouest syrien. C’est pourquoi, il est particulièrement important de connaître le triage, que nos soignants français avaient déjà enseigné au moment des attaques chimiques sur la Syrie.

« Nous avons proposé aux soignants en Syrie de classer les malades en trois catégories : rouge, orange et vert.

« Vert », ce sont les asymptomatiques ou avec des petits symptômes, à traiter à la maison avec du repos et du paracétamol. « Orange », ce sont les patients avec comorbidité (diabète, maladie cardiovasculaire, maladie respiratoire, insuffisance rénale, maladies auto-immunes), présentant une gêne respiratoire, ayant besoin d’être hospitalisé, pour leur éviter des complications et la réanimation. Il faut qu’ils suivent leurs traitements sous surveillance médicale à l’hôpital ou à distance par des visites des équipes mobiles. « Rouge », ce sont les plus vulnérables, dont l’état s’est détérioré et les poumons sont atteints. L’oxygénation ne suffit plus et ils nécessitent une hospitalisation dans une unité de réanimation.

Malheureusement, les patients de la catégorie « Rouge » ont de grands risques de ne pas s’en sortir étant donné le faible taux d’équipement et de soignants dans la région. Les efforts vont donc se concentrer sur les patients de la catégorie « Orange » que l’on pourra suivre et sauver. Il est donc important dès maintenant de confiner les personnes âgées et les malades chroniques afin d’éviter qu’ils ne soient touchés par le COVID-19. »

Dr Ziad Alissa, président de l’UOSSM

La mise en place de formations fait partie du plan d’action de l’UOSSM, détaillé dans cet article, et qui repose sur 4 piliers.

Les 4 piliers de l’action de l’UOSSM 

• Protection du personnel soignant et des structures médicales.

• Prise en charge prioritaire des personnes en comorbidité.

• Sensibilisation des populations : informer sur cette maladie et comment s’en protéger (orienté vers les personnes plus vulnérables).

• Distribution de kits d’hygiène et de médicaments.

Alors que la vague de contamination devrait commencer à se faire sentir d’ici 2 à 3 semaines, nous devons, plus que jamais, nous mobiliser aux côtés des plus vulnérables et faire preuve de solidarité. 

 

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