Tandis que les bombardements et les attaques sur les civils avaient diminué en intensité ces derniers mois et que l’UOSSM était mobilisée sur le nouveau front de la COVID-19, un dramatique accident vient frapper nos équipes en Syrie. Ce lundi 16 novembre, un travailleur humanitaire de l’UOSSM, Zakaria Abdel-Gawad, opérateur de saisie des données des patients dans notre centre de traitement de la COVID-19 à Kafr Karmin, à l’ouest d’Alep, a été victime de l’explosion d’une bombe à sous-munitions.
Elles sont pourtant interdites par les conventions internationales. Il rendait visite à son cousin, membre des Casques blancs (la défense civile syrienne). Allant à la recherche de charbon pour alimenter leur poêle dans un entrepôt, non loin de chez lui, un engin explosif s’est déclenché. Ils ont reçu de nombreux éclats d’obus. Zakaria a dû être amputé jusqu’au genou et son cousin est actuellement en soins intensifs à l’hôpital Bab Al-Hawa, fondé par l’UOSSM.
Guerre et COVID-19, le fardeau des Syriens
Notre collègue Zakaria et son cousin sont deux victimes de plus du fléau des armes à sous-munitions. La Syrie reste l’un des pays les plus touchés en 2019. 40 % des bombes à sous-munitions n’explosent pas à l’impact et deviennent des mines antipersonnel qui menacent les populations civiles au moindre contact, souvent de nombreuses années après avoir été larguées. 98 % des victimes sont des civils, dont plus d’un tiers sont des enfants, selon l’Observatoire des mines et des bombes à sous-munitions.
40 % des sous-munitions n’explosent pas à l’impact
La Convention contre les bombes à sous-munitions est entrée en vigueur depuis plus de 10 ans, le 1er août 2010. Elle interdit totalement l’emploi, la production, le stockage et le transfert de cette catégorie d’armes et prévoit leur enlèvement et leur destruction. Elle a été ratifiée par plus de 100 pays. Même si de plus en plus de nations intègrent cette convention, la Syrie reste un des rares pays, qui ne l’a pas ratifiée, et dont les bombes à sous-munitions continuent de faire des victimes. Dans son rapport de 2020, l’Observatoire des mines et des bombes à sous-munitions a recensé 1 125 victimes de ces armes en 2019, dont 636 morts et 489 blessés. Ce qui constitue une diminution depuis ces trois dernières années, avec 1 465 victimes en 2018 et 1906 victimes en 2017. Un diminution pondérée par l’observatoire, qui considère que le recensement annuel des victimes est sous-évalué depuis le début de la guerre en 2011, puisque l’accès à la Syrie est limité et que de nombreuses activités ne sont pas enregistrées.
Retrouvez le rapport 2020 de l’Observatoire des mines et des bombes à sous-munitions :
Les Syriens font face à des catastrophes qui s’accumulent : les ravages de la guerre qui continuent de faire son lot de victimes, la COVID-19 qui connaît un pic épidémique dans le nord-ouest de la Syrie, sans évoquer l’approche de l’hiver, toujours aussi redoutée par les millions de déplacés de guerre vivant dans les camps.
La COVID-19, le pic épidémique atteint en Syrie
Le nord-ouest de la Syrie connaît une recrudescence de cas positifs de la COVID-19. La région vit sa première vague dans un contexte sanitaire ravagé par la guerre et très précaire.
Les derniers chiffres en date du 18 novembre de la COVID-19 en Syrie
– 12 784 cas positifs
– 44 915 tests réalisés
– 95 morts
– 162 lits de soins intensifs occupés à 100%
A l’UOSSM, nous savons ces chiffres sous-évalués. Dans un contexte de guerre et avec des tests réalisés à une échelle restreinte, ces chiffres ne sont pas révélateurs de la réalité de la pandémie. Nos équipes sur le terrain sont très inquiètes.
– Oxygène
– Médicaments et consommables médicaux
– Tests PCR
La réponse de l’UOSSM contre la COVID-19 en Syrie continue
Depuis mars 2020, l’UOSSM continue sa course contre la montre, et a mis en place une réponse médicale sur cinq volets principaux :
• La mise en place de 13 centres de traitement contre la COVID-19
Ils permettent l’isolation des patients ayant une suspicion de contamination au virus ou testés positifs. Ces centres sont des tentes ou des bâtiments dédiés à proximité des hôpitaux et centres de santé primaire. Ils disposent de 35 à 50 lits chacun. Une fois le patient isolé, il est sous surveillance médicale 24h/24 et 7j/7 par nos équipes médicales. C’est un travail intense qui permettra d’endiguer la propagation de la pandémie.
• La distribution de médicaments et de matériel médical
L’UOSSM a mis au cœur de son dispositif, l’approvisionnement des structures de santé et hôpitaux en médicaments et matériel médical indispensable pour assurer la prise en charge des malades de la COVID-19 : générateurs d’oxygène, masques, kits de protection pour les soignants, médicaments. Dans les prochains jours, l’UOSSM fournira 6 stations d’oxygène à 30 structures médicales, dont 8 hôpitaux de la région spécialisés sur le virus.
• La sensibilisation des populations
Dans des zones où la distanciation sociale est quasi impossible, les populations sont totalement effrayées. Le travail de sensibilisation y est donc primordial. Nos agents de santé sillonnent les camps et habitations pour rendre visite aux populations, notamment auprès des personnes les plus vulnérables.
• La formation des soignants
La formation des soignants dans les centres de santé, les hôpitaux et les centres d’isolation est essentielle pour assurer l’efficacité des dispositifs humanitaires mis en place depuis plusieurs semaines.
• Participation de l’UOSSM à la coordination humanitaire mise en place en concertation avec l’OMS, et les Directorats de santé.
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