Camp d'Atme Syrie décembre 2020
Photo du centre de santé de l'UOSSM dans le camp d'Atme - décembre 2020

 

Il y a 1 an, l’UOSSM lançait un appel à la communauté internationale et au président de la République, Emmanuel Macron. Suite aux bombardements intensifs sur Maarrat al-Numan et Ariha dans la province d'Idleb, ainsi que sur Atarib et Darat Azza, à l’ouest d’Alep, en décembre 2019 jusqu’à mi-février 2020, près d’1 million de personnes avaient été déplacées dans le nord-ouest de la Syrie.

 

Où en est-on 1 an après ? Retour sur la situation des déplacés de guerre dans la région d’Idleb, avec notre coordinateur médical Oussama Alhussein et le Dr Muhannad Alkhalil, dans le camp d’Atme à la frontière turco-syrienne. 

Quelle est la situation actuellement dans les camps de déplacés ? 

 

Oussama Alhussein : Sur les 4,2 millions de personnes vivant dans le nord-ouest de la Syrie, 2,7 millions sont déplacées. On dénombre 1 160 camps dans le nord-ouest de la Syrie, habités par 1,5 million de personnes déplacées, dont 80% sont des femmes et des enfants. La majorité de ces camps sont situés sur des terres agricoles, boueuses et propices aux inondations.

La dévaluation de la livre syrienne a entraîné une augmentation du prix des produits de première nécessité, tels que le pain, les produits d’hygiène de base et le carburant. Un abri digne est le besoin le plus urgent pour les déplacés qui craignent les intempéries de l’hiver, avec des températures qui peuvent descendre en dessous de 0°, la pluie, les inondations et la neige. Des conditions de vie rudes pour les déplacés qui n’ont pour abri que des tentes de fortune.

L’hiver dernier, des pluies orageuses avaient affecté environ 7 000 familles. Les populations brûlaient leurs objets personnels, leurs meubles, tout ce qu’ils pouvaient trouver pour faire du feu et se réchauffer. Une solution extrêmement dangereuse, car ces feux volontaires pouvaient émettre des fumées toxiques dangereuses pour la santé, et ont pu causer la mort.

 

Camp Atme Syrie Décembre 2020

 

Dr Muhannad Alkhalil : En effet, l’hiver est un paramètre essentiel qu’il ne faut pas négliger dans la situation des populations de ces camps en Syrie. Lorsqu’il pleut par exemple, le plafond des tentes n’est pas imperméable. Il pleut directement dans les tentes, sur le visage des femmes et des enfants qui vivent dans des abris de fortune. Les routes délabrées deviennent boueuses et créent de nombreux accidents. Aujourd’hui dans le camp d’Atme, l’arrivée de la pluie est une tragédie.

 

Quelles sont les répercussions sanitaires et médicales de ces conditions sur les populations ?

 

Dr Muhannad Alkhalil : Dans le centre de santé où j’exerce, je reçois de nombreux patients atteints de maladies chroniques, notamment de maladies cardiovasculaires. Ces populations sont très pauvres. Souvent, après avoir réalisé un examen complet et leur avoir fait une prescription, ils sont démunis, car ils n’ont pas les moyens d’acheter les médicaments nécessaires à leur traitement. Ce sont des plaintes quotidiennes des patients qui sont dans une extrême précarité tant d’un point de vue de leur santé, de leur logement, que d’un point de vue économique, où ils n’ont littéralement plus rien.

Nord-ouest de la Syrie, une situation sanitaire dégradée : 

Le niveau de malnutrition chronique a été en forte augmentation tout au long de l’année 2020. Le taux de malnutrition chronique chez les enfants de moins de 5 ans dans le nord-ouest syrien a atteint 34 %, après avoir augmenté de 5 % entre Janvier et Octobre. 

2/3 des enfants ne peuvent plus se rendre à l’école à causes des restrictions dues à la propagation de la COVID-19.