Le système sanitaire syrien, dans son ensemble, est complètement détruit. Il ne peut absolument pas faire face à une situation épidémique, comme celle du COVID-19, qui se surajoute à la crise sanitaire déjà en cours. 

La population est dans une situation de précarité totale. Elle est exposée de surcroît aux intempéries, dont des températures extrêmes, qui sont de nature à favoriser la propagation du virus. Ces personnes sont entassées dans des tentes de fortune, collées les unes aux autres. Tous ces facteurs favorisent non-seulement la propagation du coronavirus, mais aussi celle de toutes les maladies saisonnières.

Comment imaginer imposer un confinement à ces populations déjà désœuvrées ? Ils ont besoin de sortir, d'aller chercher de l'eau, de faire la queue pour recevoir les paniers alimentaires, de se rendre dans nos cliniques mobiles et centres de santé. 

La population syrienne va-t-elle être de nouveau livrée à elle-même ? Alors que nous rentrons dans la 10e année du conflit syrien, force est de constater que rien n'a été fait pour mettre un terme aux maux de la population syrienne. Dans ce contexte, il est important de se demander si le pays paiera le prix de l’épidémie comme il a payé le prix de la guerre.

Bien sûr, l'ONU et l'OMS mettront en place du dépistage. Mais qu'en est-il de la capacité des hôpitaux à mettre en place des services de réanimation pour prendre en charge les détresses respiratoires ? Il y a manque d’oxygène, un manque de respirateurs sophistiqués, un manque de service de réanimation, un manque de réanimateurs et un manque de personnels soignants. 

Il faudra juger, trier les cas. J’ai fait ça toute ma carrière. J'ai formé les soignants en Syrie au triage des patients, alors qu'ils faisaient fasse à des arrivées massives de patients bombardés, torturés, gazés. Face au coronavirus, il est évident que la prise en charge des malades se fera sur l’espérance de survie de chacun. Il n’y a rien de nouveau à cela. Mais en Syrie, même les plus jeunes risquent de ne pas y survivre.

Dans cette crise, nous devons tous compter les uns sur les autres. C’est l’occasion de faire preuve d’encore plus de générosité envers ceux qui n'ont rien.