Hajja Moutia a peur. Elle a peur pour sa famille. Elle a peur pour sa santé. Et plus que tout, elle a peur des bombardements. Une peur immense qui l'épuise physiquement et qui aggrave son état de santé déjà fragile : elle souffre de diabète et d'hypertension artérielle. Des maladies qui demandent un suivi régulier dont elle bénéficie dans notre centre de santé primaire Jisr Al-Choghour.

Ce matin-là, alors qu'elle attend son tour dans notre salle d'attente où le silence règne, un vrombissement au-dessus de sa tête se fait entendre. Ce bruit, elle ne le connait que trop bien. Il annonce la destruction, la mort, les bombes qui éclatent : se sont les avions, qui menacent depuis 8 ans le ciel de Syrie. La peur l'envahit, plus intense que jamais. Elle perd conscience. 

Immédiatement, nos équipes ont secouru Hajja Moutia. Une fois, qu'elle eut repris conscience, nos soignants ont pris le temps de faire des tests supplémentaires et surtout, ils l'ont écouté et ont passé du temps avec elle. Car s'assurer de sa santé physique est une chose, mais il faut surtout qu'Hajja Moutia arrive à surmonter le mal invisible qui la ronge. Elle a ensuite été transférée à l'hôpital le plus proche sous la surveillance bienveillante des équipes médicales, où elle apprend chaque jour à reconstruire une vie apaisée. 

Bombardements, viols, enlèvements, violences physiques sont autant d’événements traumatisants qui peuvent faire naître un stress immense chez les personnes ayant survécu à de tels drames. Aujourd'hui, de nombreux syriens en souffrent. Plus que jamais nous devons apporter les soins de santé mentale et le soutien psychologique dont ils ont tant besoin. C'est en étant bien entouré que chaque patient commence son chemin vers la guérison. Cette prise en charge passe par nos médecins, mais aussi par votre soutien.