La Syrie connaît une terrible fuite de cerveaux depuis le début du conflit. Elle touche notamment les médecins soumis à une répression violente. Pour le gouvernement syrien, tout médecin vivant dans une zone tenue par l’opposition est à priori suspect de soigner un combattant. Même s’il ne fait que son travail en soignant la population civile, le simple fait d’exercer dans une zone rebelle le désigne comme coupable voire « terroriste » aux yeux de Damas. Il risque les pires brutalités voire la mort.
Un médecin raconte: « A chaque checkpoint, ils (les forces de sécurité du gouvernement syrien) m’arrêtent, juste parce que je suis médecin. Des amis ont été arrêtés car ils avaient des médicaments dans leur voiture. Certains ont été détenus pendant 18 mois. »
Selon un rapport de Physiciens for Human Rights, PHR, 15 000 médecins ont fui la Syrie. Pour ceux qui restent, il est dangereux de se rendre à leur travail s’ils habitent les zones non contrôlées par le gouvernement. Toujours selon PHR, sur les 6000 médecins qui pratiquaient à Alep, 250 seulement étaient dénombrés en juillet 2013. Ils sont certainement encore moins nombreux aujourd’hui. En décembre dernier, sur les 1000 médecins de la banlieue de Damas, il n’en restaient que 30…
Les infirmières, kinés et conducteurs d’ambulance sont eux aussi menacés et beaucoup ont fui. En janvier 2014, d’après le Violations Documentation Center in Syria qui recense toutes les violations des droits, 400 membres du personnel médical ont été tués depuis le début du conflit. Parmi eux, 150 médecins. Selon la Syrian-American Medical Society (SAMS), affiliée à l’UOSSM, 57% des hôpitaux syriens ont été endommagés par les bombardements, notamment aériens, et 37% ont été détruits ou rendus totalement inutilisables. 70% des centres de soins des régions d’Alep, Deir ez Zor et Idlib ont été détruits.
Il est probable qu’une grande partie des médecins qui ont fui ne retourneront pas en Syrie. Car même si le conflit s’arrête, il faudra de longues années avant que la situation d’avant la crise ne se rétablisse. C’est donc une crise médicale durable qui s’installe.
L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) dénombre 140 000 morts en Syrie depuis le début du conflit. Le président de SAMS pointe aussi un autre chiffre, celui des décès dus à un manque de soins de médecine courante. Il l’estime à environ 300 000. Des morts dues à des maladies comme le diabète, les infections respiratoires, et toutes sortes d’infections ainsi que les problèmes néonatals. La destruction des structures de soins ont aussi laissé 70 000 patients atteints de cancer et 5 000 en dialyse sans leur traitement indispensable. Sans compter de terribles problèmes dentaires.
Même si le conflit devait s’arrêter après trois ans de destructions brutales-perspective qui ne se présente pour l’instant – combien de temps faudrait-il pour reconstruire le système de santé?
Voir l’article de Al Jazeera
http://www.aljazeera.com/indepth/features/2014/02/syria-doctors-flee-amid-crackdown-2014227125225358518.html
Voir les d’articles d’AAVS:
http://www.aavs-asso.org/laviation-syrienne-a-bombarde-lhopital-de-fortune-dans-la-ville-al-bab/
http://www.aavs-asso.org/cet-homme-est-il-un-ennemi-public/
http://www.aavs-asso.org/ils-ont-assassine-un-medecin/
Le Violations Documentation Center in Syria: www.vdc-sy.info/index.php/en/