Réaliser une échographie en situation d’urgence est le meilleur moyen pour sauver le plus de victimes. Cet appareil "la sonde d'échographie portative" assure le meilleur triage des blessés, facteur essentiel en contexte d'urgence et de conflit. Pierre Catoire, médecin urgentiste, formateur Mehad, s'est rendu le 27 août 2022 à Lviv pour le lancement des premières formations à l'échographie d'urgence. Il nous livre son expérience.
En quoi consiste la formation à l'échographie d'urgence que vous avez menée à Lviv en Ukraine ?
Ici, nous réalisons un programme d'entraînement à l’échographie tactique, c'est-à-dire l’échographie que nous allons appliquer aux patients victimes de traumatismes de guerre, que ce soient des patients civils ou militaires. Nous sommes dans un contexte particulier ou d'une part, il y a beaucoup de plaies par balles, de plaies par explosions. D'autre part, nous allons devoir remplacer parfois certains examens radiologiques courant qui vont être manquants, comme les radiographies, comme le scanner, donc l'outil échographique portatif est là pour pallier ces manques.
Il va être à la fois un outil qui va remplacer ces examens, qui va permettre de trier les patients quand ils arrivent et qui va aussi permettre de les surveiller et de faire certaines procédures, de guider la pousse accès vasculaire, de guider une anesthésie. Toutes ces procédures deviennent possibles avec seulement un seul outil.
Ces techniques étaient-elles enseignées auparavant en Ukraine ?
Certes, c'est une expertise qui existe dans beaucoup de pays, aussi en Ukraine. L'enjeu va être de réussir à l'adapter au contexte de guerre en Ukraine. Nous avons développé un programme avec les médecins ukrainiens et un certain nombre d'experts internationaux. Le challenge est également pédagogique puisqu'il faut permettre de rendre cet outil accessible en deux jours à des médecins qui ont pas ou peu d'expériences échographiques. Et c'est ce challenge que nous avons choisi de relever avec l'équipe Mehad.
Quel est l'avenir de ce programme de formation au sein du centre de Lviv ?
Le programme sera maintenant entièrement pris en main par les formateurs ukrainiens. Nous avons déjà trois formateurs experts qui sont en train d'assurer les cours. L'objectif, c'est aussi de former des futurs formateurs afin d'avoir un pool de formateurs qui pourront se relayer au sein du centre et répondre à la demande croissante.
Je tiens à dire que c'est un très grand honneur pour moi de pouvoir travailler dans ce contexte d'urgence, de m'associer aux experts ukrainiens partenaires de Mehad pour monter ce programme. Nous avons maintenant des étudiants qui sont très motivés. Les niveaux sont très différents. Certains ont déjà une très bonne expérience de l'échographie tandis que d'autres n'ont jamais utilisé cet appareil-là auparavant. Nous avons donc la possibilité de vraiment former à tous les niveaux et d'apporter à tout le monde l'aide dont ils vont avoir besoin. Les étudiants sont très investis, ils essaient de prendre eux-mêmes en main l'outil au plus vite. C'est une très grande chance en tant qu'enseignant de pouvoir travailler avec eux.
Le centre de formation à la médecine de guerre à Lviv est réalisé en partenariat avec La Chaîne de l'Espoir et le soutien Ministère de l’Europe et des affaires Étrangères.
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