Mohamed et Ahmed, 2 ans, viennent d'Idleb. Alors que leur maman était sur le point d’accoucher, un bombardement aérien intensif a eu lieu non loin de chez elle. Bloquée à la maison, elle n’a eu d’autre choix que d’accoucher seule, accompagnée par le bruit des bombes. Malheureusement, cela ne s’est pas bien passé, les jumeaux ont très vite manqué d’oxygène. Ce qui a entraîné une paralysie cérébrale, qui a affecté leur mouvement et leur développement physiologique. 

« Deux mois après sa naissance, Jumaa était très malade. Il vomissait, souffrait de coliques et son ventre était gonflé, son état ne faisait qu'empirer. Nous sommes allés voir un médecin, qui nous a dit qu'il fallait absolument que nous l'amenions à l'hôpital Bab Al-Hawa, pour une intervention chirurgicale. » - Maman de Jumaa

« Comme tous les jours, je rentrais de l’école avec mes amis. Quand soudain, nous avons entendu quelqu’un crier et à partir de là, je ne me souviens plus de rien… Je me suis réveillée à l’hôpital en Turquie. » Shahed a 13 ans et vit à Idleb. Sa vie a basculé le jour où elle a été touchée par une frappe aérienne. Ses blessures sont irréversibles : elle a été amputée de sa main droite et les nombreuses fractures de ses membres inférieurs (hanche, jambe, pied), ont entrainé une incapacité à marcher.

Bader est arrivé à l'hôpital de Bab Al-Hawa de l'UOSSM, dans un état critique. Il souffrait d'une fistule gastro-intestinale, due à une opération chirurgicale effectuée quelques jours auparavant, dans un autre hôpital de la région. Entre 85% et 90% des fistules gastro-intestinales surviennent suite à une intervention, cela arrive malheureusement souvent, mais face au cas de Bader, les soignants de cet hôpital se sont retrouvés démunis. 

En ce moment, tandis que nous vous écrivons ces lignes, les bombardements continuent dans la région d’Idleb et de Hama. Chaque jour, des centaines de vies d'enfants sont brisées dans le nord de la Syrie. Une fois de plus, dans ce conflit qui dure depuis huit ans, les grandes victimes sont les civils innocents, comme Mustapha et Mohamed.

Il y a un an, Kinan et sa famille fuyaient la Ghouta et ses horreurs, après plusieurs mois de siège, où ils ont vécu sous les bombardements, sans eau, nourriture, ni accès à la santé. Déjà, à cette époque-là, le jeune enfant de six ans s’était plaint de douleurs dans les dents. Mais impossible de trouver un dentiste, ni à la Ghouta, ni sur le long chemin vers le nord de la Syrie. Tant de mois avec des caries non-soignées, imaginez comme cela doit être douloureux ! Mais surtout, quelle menace sur la santé et donc la vie du petit garçon !

Aujourd’hui, dans le nord de la Syrie, la situation est catastrophique. Tous les jours, l’accès aux soins est un véritable parcours du combattant pour les millions des réfugiés. Le cas de Abdelbasset en est malheureusement un triste exemple. C’est un jeune homme plein de vie, malgré la guerre qu’il subit depuis 8 ans. Faute de pouvoir accéder à des soins dentaires, il a été victime d’édentation et a souffert de douleurs atroces.

Hajja Moutia a peur. Elle a peur pour sa famille. Elle a peur pour sa santé. Et plus que tout, elle a peur des bombardements. Une peur immense qui l'épuise physiquement et qui aggrave son état de santé déjà fragile : elle souffre de diabète et d'hypertension artérielle. Des maladies qui demandent un suivi régulier dont elle bénéficie dans notre centre de santé primaire Jisr Al-Choghour.

En février, nos équipes du centre de santé d’Afrin ont fait une rencontre particulièrement émouvante, celle de Mohammad Rachid, 85 ans. Le vieil homme était anéanti. Sa femme, son seul pilier depuis 7 ans, alors que ses enfants ont fui la Syrie, est décédée. Tristesse et solitude n’ont fait qu’aggraver plusieurs maladies chroniques et cardiaques dont il souffrait.

Âgée de 50 ans, Zahia Al Saloum a été hospitalisée dans un état d’épuisement alarmant. D’une voix à peine audible, cette réfugiée du camp Al Wadihi, a raconté à nos équipes les récents drames qui ont marqué sa vie. Il y a un an, elle a perdu son fils. Deux mois plus tard, elle perdait son mari, puis son petit-fils. Perdre plusieurs êtres chers est d’une violence inouïe. Un traumatisme tel, que la santé physique de Zahia en a été impactée.