Si le droit humanitaire est mort à Alep en 2016, doit-on le laisser mourir à nouveau dans cette région de la banlieue est de Damas où 400 000 personnes sont encore piégées sous le feu des bombardements ?
Nous, médecins et parents, ne pouvons rester insensibles à la mort de tant de civils, dont 50 % sont des femmes et des enfants, qui n’ont eu pour seul tort que d’être nés sous état de siège. Nous, médecins et parents, ne pouvons rester insensibles à la mort de tant de soignants morts sur le terrain en tentant de sauver des vies. L’ultime indignité est l’ignorance, l’indifférence à l’égard de leur destin funeste. Nous réitérons nos demandes de cessez-le-feu, d'accès humanitaire immédiat et sans entrave.
Nous demandons à ce que l’évacuation des centaines de patients les plus critiques, dont 167 enfants gravement malades, soit immédiate car il n’y a plus d’hôpitaux fonctionnels à la Ghouta. 23 installations médicales ont été ciblées par des attaques ces trois derniers jours. Les évacuations de celles et ceux qui souhaitent quitter la Ghouta doivent pouvoir s’effectuer avec l’aide d’acteurs qui ne sont pas partie prenante au conflit. Les ONG sur place devraient pouvoir accompagner ces personnes lors de leurs déplacements.
Depuis sept ans, ce pays subit des crimes de guerre qui s’accompagnent de toutes les violences possibles et imaginables. Tous les types d’armes ont été utilisées contre les populations : destruction des hôpitaux, des marchés, des écoles, utilisation d’armes chimiques. On dénombre plus de 400 000 morts depuis le début du conflit, 11 millions de déplacés ainsi que la destruction du tissu économique, social, éducatif et du système sanitaire avec des maladies chroniques ne pouvant être traitées et des blessés mourant par manque de soins.
Depuis sept ans, où est la voix de la France ? Où est la voix de l’Europe ? Qu’attend Emmanuel Macron pour prendre ses responsabilités ?
Tous les jours, les populations sont massacrées. Chacun des belligérants fait la guerre au détriment de la population civile syrienne. Quand cela va-t-il cesser ? Quand va-t-on arrêter de simplement s’indigner ? Allons-nous encore pleurer durant sept nouvelles années face aux images d’horreur ? Qu’attendons-nous ? Que région après région en Syrie, les populations civiles soient réduites au silence, un silence macabre et mortifère ?
Nous sommes révoltés mais pas résignés. Nous en appelons à la conscience collective et citoyenne. Nous appelons Emmanuel Macron et la communauté internationale à un sursaut humanitaire. Nous avons des leviers d’actions.
Nous pouvons agir et représenter dignement les valeurs de paix et d’humanité qui fondent notre société. Les solutions existent et sont devant nous : l’évacuation immédiate des centaines de personnes qui ont besoin de soins d’urgence, l’ouverture des accès humanitaires pour apporter nourriture et aide médicale aux populations de la Ghouta orientale et à travers la Syrie, l’arrêt des bombardements d’une violence inouïe qui pleuvent sur la Ghouta sans discontinuer.
Pr Raphaël Pitti est médecin-anesthésiste humanitaire, responsable formation de l’UOSSM France. Dr. Ziad Alissa est médecin-anesthésiste, président de l’UOSSM France
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