Ce mois de novembre 2022 a été particulièrement meurtrier en Syrie et en Ukraine. Ces guerres miroirs continuent d’être le théâtre d’une folie meurtrière. Entre bombardements de camps de déplacés à Idleb et attaques sur une maternité à Vilniansk dans la région de Zaporijjia, l’horreur est bien présente dans cet hiver qui s’annonce dévastateur.

Bâtiment détruit à Kharkiv

Idleb, une instabilité permanente, entre crise humanitaire et urgence de la guerre

 

Des bombardements ont frappé Kafr Jales dans le nord de la Syrie dans la région d’Idleb le 6 novembre. Dix personnes dont trois enfants ont été tuées et 77  blessées sont recensés selon un nouveau bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Plus de 30 roquettes ont visés des camps de déplacés, ces camps où vivent des millions d’habitants dans des tentes ont été la cible de ces attaques. Plusieurs d’entre elles ont été détruites. Les équipes de la défense civile et des habitants ont porté secours aux blessés et les ont transférés dans des hôpitaux proches. Là, les corps de deux fillettes étaient enveloppés dans des couvertures et allongés au sol*.

“Nous nous préparions le matin pour aller travailler quand nous avons entendu des tirs. Les enfants ont eu peur et ont commencé à crier” a raconté Abou Hamid, 67 ans, un déplacé.

Bombardement Idleb

“Nous condamnons ces attaques qui sont encore une fois une entrave au droit humanitaire international. Nous demandons une cessation des hostilités dans l’ensemble de la Syrie et d’une solution politique conforme à la résolution 2254”.

Dr Ziad Alissa, président Mehad (Ex-UOSSM France)

 

En Ukraine, entre 500 et 700 attaques sur les structures de santé

bombardement ukraine

Durant ce mois de novembre, les bombardements ont été incessants en Ukraine dans plusieurs villes Kharkiv, Kiev mais aussi Lviv qui est plus à l’ouest et accueille notre centre de formation à la médecine de guerre. Nos équipes vont bien et ils sont constamment sous alerte et se réfugient au sous-sol dans les abris anti-bombardements. Dans la nuit du 23 novembre, dans la ville de Vilniansk dans la région de Zaporijjia, un bâtiment de deux étages abritant une maternité a été détruit par une attaque à la roquette dans le secteur de l’hôpital local. Un nouveau-né a été tué, sa maman a été blessée ainsi qu’un médecin.

“Cette maternité ne fait que suivre les 500 à 700 attaques sur les structures de santé en Ukraine. Ce n’est que la suite de ce que nous connaissons en Syrie. Les hôpitaux étaient systématiquement détruits. En Syrie, nous avions donné les positions GPS dans la zone, ces structures ont quand même été bombardées. En ce moment, les russes bombardent les structures énergétiques, les approvisionnement en eau. Le but est de terroriser les populations et de baisser ses capacités de résistance comme ils l’ont fait à Alep pendant 6 mois et à la Ghouta pendant 8 mois il y a quelques années. Détruire les structures sanitaires c’est une stratégie de terreur. Détruire un hôpital, c’est une stratégie pour faire fuir les populations qui n’ont plus accès aux soins d’urgence mais aussi aux soins des pathologies chroniques.”

Pr Raphael Pitti, responsable formation Mehad (Ex-UOSSM France)

Aujourd’hui, les soignants ukrainiens sont acculés. Ils agissent dans l'urgence. Lors de notre dernière mission humanitaire de formation à Kharkiv, un responsable de la santé disait que 10 000 soignants étaient en attente de formation. Une heure de formation, ce sont des milliers de vies sauvées.