Face à l'enlisement de la guerre en Ukraine, former les soignants ukrainiens à l'échographie d’urgence est essentiel. Inauguré en août 2022, notre centre de formation à la médecine de guerre à Lviv accueille des soignants ukrainiens pour être formés à l’échographie d’urgence. 

Fin octobre, le Pr Raphaël Pitti et le Dr Pierre Catoire se sont rendus à Kharkiv, à quelques pas des lignes de front russes pour une formation mobile auprès des soignants qui sauvent des vies dans les hôpitaux en Ukraine.

Dr Konstantine Pashchenko est confronté dans son quotidien aux conséquences de la guerre en Ukraine. Il est chirurgien pédiatre à Kharkiv, dans l’ouest du pays à 30 km à peine de la frontière russe où les combats font rage. Depuis le début de la guerre, tous les jours dans son hôpital, il prend en charge de lourds traumas. Formé à l’échographie d’urgence auprès de Mehad, il nous livre son expérience :

“Prendre des décisions de vie ou de mort fait parti de notre quotidien. Maîtriser les techniques de médecine de guerre est vital pour la survie de nos patients. Nous n’avons pas le temps de faire de multiples examens. C’est impossible. Nous devons agir au plus vite avec les moyens que nous avons. Clairement, si j’avais reçu cette formation il y a une semaine à peine, j’aurais pu sauver une petite fille atteinte d’une hémorragie.” 

Dr Konstantine Pashchenko, chirurgien pédiatre Kharkiv, Ukraine, 2022.

"Une heure de formation = des vies sauvées"

 

Comme en Syrie, la guerre en Ukraine impacte les villes et les hôpitaux civils. L’armée russe, depuis le début du conflit, a mené plus de 700 attaques contre les établissements de santé ukrainiens. En médecine de guerre, le rôle du soignant est de stabiliser le blessé  dès son arrivée. Cela s’appelle “le damage control”. 

Dans une situation d’afflux massif des victimes, la méthode du triage est donc appliquée grâce à l’utilisation de l’échographie. Réaliser une échographie en situation d’urgence est le meilleur moyen pour sauver le plus de victimes car il assure le meilleur triage des blessés, facteur essentiel en contexte d'urgence et de conflit.  Ce n’est que dans un deuxième temps que s’applique la thérapeutique et les soins.

 Mehad forme et accompagne les médecins ukrainiens pour qu’ils deviennent eux-mêmes formateurs.

“Les soignants sont très impliqués et découvrent l’importance de la sonde portative pour l’échographie. Ils sont à l’écoute et comprennent rapidement son utilité sur le terrain. Les heures de cours se traduisent directement en vies sauvées. Nous discutons de leur pratique, de leur méthode pour adapter au mieux la formation. Aujourd’hui, former est la meilleure façon d’apporter une aide humanitaire en Ukraine en tant que soignant. Les ukrainiens connaissent leurs terrains, leurs patients, leur système de santé, de ce point de vue, ils sont les meilleurs pour agir. Notre appui le plus légitime est de les renforcer sur des points techniques, de les orienter, et de leur enseigner des algorithmes de décisions. Clairement, après la formation à l’échographie d’urgence, ils trient mieux les patients, les blessés qui arrivent par flux, ils peuvent mieux anticiper la dégradation du patient en voyant à l’échographie, les signes de sévérité.” 

Dr Pierre Catoire, médecin urgentiste, formateur Mehad (Ex-UOSSM France)

Dans quelques jours, le 16 décembre, nous serons à nouveau en Ukraine pour continuer les formations à l'échographie d’urgence auprès des soignants ukrainiens.

“Cette formation est une réponse à notre besoin de médecin dans notre pays en guerre. Dans cette situation de catastrophe, le temps est compté. Nous avons deux minutes pour agir. Chaque cours que nous recevons, chaque compétence que nous pouvons développer, est une vie sauvée pour nos familles, nos amis, les populations qui subissent de plein fouet la guerre depuis plusieurs mois. Je me dois donc de me former, d’apprendre pour adapter ma pratique médicale aux pratiques de guerre.”


Dr Vitalii, chirurgien instructeur Mehad (Ex-UOSSM France) formé à Lviv.

 

Une heure de formation, ce sont des vies sauvées dans les hôpitaux ukrainiens

Aidons les soignants ukrainiens