Santé mentale : soigner les “blessures invisibles”
La dépression et les syndromes de stress post-traumatique sont monnaie courante parmi les populations affectées par la guerre. On peut même parler d’une véritable crise sanitaire liée à la santé mentale, un sujet souvent invisible mais bien réel. Face à ces “blessures invisibles”, Mehad propose des services complets de santé mentale et de soutien psychosocial.
En Syrie, où nous intervenons, ce tabou persistant est un immense défi. Si ce problème n’est pas pris en charge, il pourrait avoir des conséquences dévastatrices sur les générations futures dans un contexte de violence et de mort omniprésentes. Aujourd’hui, la vie des populations est profondément marquée par la guerre. Elles subissent des impacts psychiques, émotionnels, et mentaux dus aux conséquences économiques, humanitaires, physiques, et médicales du conflit.
Il était donc impératif de fournir des services complets de santé mentale et de soutien psychosocial. En plus de ces soins, il était crucial de sensibiliser les populations, souvent réticentes voire hostiles, aux soins psychologiques et psychiatriques. Reconnaissant que les séquelles de la guerre sont à la fois physiques et psychologiques, Mehad a mis en place depuis 2013 un programme de santé mentale et de soutien psychologique comprenant :
– Des services de santé mentale dans tous nos centres de santé primaire
– Une assistance téléphonique
– Un diagnostic des cas reçus et prescription médicamenteuse par un psychiatre dans nos cliniques mobiles de santé mentale
– Une équipe de soutien psychologique assurant le suivi des patients via des séances
– Des sessions de sensibilisation sur les maladies mentales et les compétences parentales, afin que les parents de la région apprennent à gérer les problèmes de comportement de leurs enfants liés à la guerre.
En Ukraine, Mehad a pris en charge un projet de réhabilitation des blessés de guerre dans les régions de Vinnytsia et de Kiev. Le projet adopte une approche interdisciplinaire en faisant collaborer des physiothérapeutes, des psychologues et des travailleurs sociaux.
Outre la récupération physique des blessés, l’un des objectifs clefs du programme est l’amélioration de leur qualité de vie et le soutien psychologique face aux traumatismes. Dans un contexte où le système de santé ukrainien fait face à des besoins à long terme, Mehad apporte son expertise dans la prise en charge des patients blessés pour contribuer à leur rétablissement complet.
Nos perspectives
Le travail sur la santé mentale auprès des victimes du conflit en Syrie et Ukraine reste entier. Il est encore en développement. En effet, c’est dans la prolongation du conflit que Mehad et les ONG médicales en générale, doivent être au plus près des populations pour être à leur écoute, les sensibiliser et leur offrir un parcours de soins adaptés. Le tabou est toujours présent, nous devons être à l’avant-garde, à contre courant des idées reçues pour faire avancer les mentalités et être auprès des personnes les plus vulnérables.
Rahaf : « Aucun être humain n’est préparé à vivre cela »
A l’âge de 13 ans, Rahaf a déjà vécu les affres de la guerre, la peur de la mort au moment du séisme, et a perdu des proches dont son père. Ses mots résonnent avec une vérité brutale : “Il y a des événements qu’on pense ne jamais pouvoir arriver. Et pourtant, ils se produisent. Aucun être humain n’est préparé à vivre cela. Certaines personnes se disent que je ne suis qu’une petite fille, que je vais oublier. Mais il y a des moments qu’on ne peut pas oublier”.
Son témoignage souligne l’impact profond de la perte et du déracinement sur la santé mentale des jeunes. Il nous rappelle l’importance cruciale de fournir un soutien psychologique adapté face à de telles épreuves.
Oleksandr : réparer le corps et l’âme
« Quand je suis arrivé ici, je ne pouvais pas bouger mon bras ni soulever d’objets normalement » raconte Oleksandr*, l’un des patients pris en charge par les équipes de Mehad, victime d’un tir de missile. « Les thérapeutes ont tout mis en œuvre pour que mon bras fonctionne à nouveau normalement assez rapidement » , explique-t-il, « cela comprend des massages, des stimulations électriques et diverses activités physiques, comme l’étirement du bras.
Larysa, la psychologue, m’a également aidé à me libérer de toutes mes pensées négatives, et la travailleuse sociale est venue immédiatement lorsque j’ai été admis dans le centre de rééducation ».
*Le prénom a été modifié.