Il y a des bombes que l’on peut encore désamorcer. C’est notre leitmotiv à Mehad (Ex-UOSSM France), celui de l’espoir et de la résilience. Dans le cadre de notre campagne “Je désamorce”, le Dr Jimmy Mohamed prête sa voix pour témoigner d’un fléau, celui de la malnutrition en pleine expansion en Syrie. Cette bombe à retardement est une des conséquences directes de la guerre. Celle que l’on surnomme “la faim invisible” atteint des niveaux records tandis que l’extrême pauvreté ne fait que s’accentuer. Découvrez le témoignage de Maïssa Fares incarné par le Dr Jimmy Mohamed.
Souffrant de carence, la prise de poids est difficile pour le nourrisson de Maïssa. Quand on sait que les 1000 premiers jours de sa vie détermineront le reste de sa croissance une véritable course contre la faim s’est enclenchée.
Nos équipes sont formées au protocole de traitement de la malnutrition et pour répondre aux urgences. Le dépistage est la clé numéro 1 de la lutte contre l’insécurité alimentaire. Il est possible de prévenir les situations de crise par cette méthode, grâce au périmètre brachiale, un bracelet (MUAC) indicateur du niveau de malnutrition.
Chaque enfant et femme allaitante ou enceinte diagnostiqués en état de malnutrition sont pris en charge immédiatement et un suivi médical de plusieurs semaines est établi.
En 2021, nous avons pu traiter près de 125 000 bénéficiaires dans nos services de nutrition dans le nord de la Syrie. Sensibilisation, dépistage, traitement des enfants malnutris, nous sommes en première ligne contre la faim invisible en Syrie.
“Il y a beaucoup d’enfants dans notre camp de Taftanaz. Ils ont faim. Les médicaments ne sont pas accessibles et les cliniques privées sont trop chères pour les habitants qui n’ont pas de travail ou des revenus très précaires, comme mon mari.
La venue des soignants de Mehad, qui offre des consultations gracieuses et des nutriments pour les enfants, est essentielle à notre survie. Du lait et des médicaments, ce sont nos besoins principaux aujourd’hui. Notre souhait est avant tout de protéger nos enfants. Leur donner un meilleur avenir.”
Maïssa Fares, maman d’un enfant malnutri
L'inflation de la faim
En Syrie, les populations manquent de tout. Denrée alimentaires insuffisantes, manque d’accès à l’eau potable, insuffisance en protéines et en micronutriments rendent toute une population vulnérable aux maladies. La malnutrition atteint particulièrement les femmes enceintes et allaitantes.
Cette situation est exacerbée par l’inflation économique accentuant les cas de malnutrition. Cette bombe à retardement implose depuis le début du conflit et ne va pas tarder à exploser car le système sanitaire est fragmenté et saturé. L’augmentation de la faim en Syrie est l’un des enjeux les plus préoccupants.
“La situation n’a jamais été pire en Syrie à ce sujet. Le risque de famine est imminent. La malnutrition est en constante augmentation. Les financements se tarissent et ne sont pas suffisants au regard des besoins. Ces dernières années nous avons malheureusement dû fermer des centres de santé et réduire nos équipes concernant la prise en charge des enfants malnutris”.
Dr Ziad Alissa, Président de Mehad
Les bombes à retardement sont celles que l’on ne voit pas, la faim invisible en fait partie.
J’agis contre la malnutrition en Syrie