Syrie : un an après le séisme, l’indifférence tue

7 février 2024

Paris, le 29 janvier 2024,

Un an après le séisme dévastateur survenu le 6 février 2023 en Turquie et en Syrie, l’intérêt du grand public tout comme des financeurs publics a considérablement diminué dans la zone Nord-Ouest Syrie, et tout laisse à craindre une situation inédite en termes de péril humanitaire en 2024. L’ONG de santé et de solidarité Mehad, engagée depuis 2011 en Syrie, dénonce cette indifférence et alerte sur l’urgence de la situation humanitaire et le manque criant de fonds internationaux.

Le séisme, d’une magnitude de 7,8, a frappé la Turquie et le Nord-Ouest de la Syrie, laissant derrière lui un bilan dévastateur : au moins 56 000 morts, 105 000 blessés, 23 millions de personnes touchées, et plus de 173 000 bâtiments détruits. Il s’agit de l’une des pires catastrophes naturelles du XXIe siècle. En Syrie, 9 millions de personnes ont été affectées, dont 7,2 millions dans la zone Nord-Ouest.

Suite à une immédiate vague de solidarité internationale immédiate, la situation humanitaire en Syrie a depuis indéniablement été reléguée à l’arrière-plan et la situation s’annonce alarmante pour 2024.
Ainsi, le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU vient de mettre fin à son plan de soutien à la Syrie le 1er janvier dernier, faute de financements. Selon ce même organisme, plus de 12 millions de Syriens, soit plus de la moitié de la population, souffrent pourtant de la faim, un chiffre qui a doublé en 4 ans.

Déjà, en 2023, seuls 33 % des besoins humanitaires avaient été couverts pour la Syrie (source OCHA, United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs), où l’organisme international estime que 7 habitants sur 10 ont besoin d’une aide humanitaire urgente, soit plus de 15,3 millions de personnes.

« La situation est particulièrement alarmante au Nord-Ouest de la Syrie, où les effets du séisme sont venus se surajouter à ceux de presque 13 ans de guerre, et où les bombardements se poursuivent sans répit », alerte le Dr Mego Terzian, directeur général de l’ONG Mehad et ancien président de MSF (2013-2022). Cette zone reste l’une des régions du pays où le contexte sécuritaire et humanitaire est le plus instable. « Rien que sur le dernier trimestre 2023, l’escalade des tensions dans la zone a fait au moins 99 morts parmi la population civile et 400 blessés. »

Le pays compte toujours le plus grand nombre de déplacés internes au monde (6,8 millions de personnes) et compte cette année le plus grand nombre de personnes ayant besoin d’assistance humanitaire et depuis le déclenchement de la crise syrienne (source OCHA).

Mehad, en tant qu’ONG œuvrant dans la région depuis sa création en 2011, souligne que la situation humanitaire en Syrie nécessite, au-delà d’une réponse urgente, une intervention à long terme, avec plus de 70 % du système de santé à terre, suite à  bientôt 13 ans de bombardements.

Malgré les efforts déployés par Mehad, qui gère 42 centres de santé en Syrie, délivrant plus d’1 million d’actes de soins par an, plusieurs de ces centres sont menacés de cessation d’activité imminente, faute de financement. Pour des millions de patients, ces centres sont l’unique possibilité d’accéder aux soins même les plus basiques.

« J’en appelle à la communauté internationale, et plus spécifiquement aux principaux bailleurs de fonds : en 2024, ne détournez pas les yeux de la Syrie  »  exhorte Mego Terzian.  « Des millions de civils innocents, des hommes, des femmes, des enfants, y subissent le pire que l’être humain peut connaître depuis 13 ans. Les oublier constitue la pire des sentences. »

Contact presse :
Coralie DOUVILLE
+33  7 67 59 84 02
[email protected]

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