Selon Le Monde du 23 mai 2014, une attaque au gaz chloré aurait eu lieu la veille à Kfar Zeïta, dans la province de Hama. Ce village est tenu par les opposants au gouvernements syrien. Un photographe travaillant pour Reuters et arrivé une heure après l’attaque a confirmé la présence d’une fumée jaunâtre avec odeur de chlore. 70 personnes auraient été blessées. Le 11 avril, les opposants ont déclaré que des hélicoptères de l’armée syrienne avaient largué du gaz de mêmes caractéristiques. Ces bombardements prennent la forme de barils d’explosifs remplis de chlore à l’état gazeux (dichlore) d’aspect jaune-verdâtre et à l’odeur âcre. Ce gaz suffocant qui peut entraîner la mort après un oedème pulmonaire a été utilisé durant la première guerre mondiale sous le nom de bertholite.
Le 21 avril, cinq personnes souffrant de suffocation sont arrivées à notre hôpital à Bab Al Hawa, Syrie du nord, après un bombardement aux gaz toxiques sur le village de Tlemnes – banlieue d’Idlib. Les médecins qui les ont examinées ont identifié là aussi le gaz chloré. Ils ont tenté de sauver un enfant de 6 ans (notre photo: les yeux révulsés sont avec les suffocations les premiers symptômes d’une attaque aux gaz chimiques). Cet enfant est malheureusement décédé malgré les efforts des médecins pour le sauver. Une jeune femme présentait un syndrome de détresse respiratoire aiguë nécessitant une intubation et une assistance respiratoire. Les autres étaient dans un état grave.
14 attaques aux gaz toxiques ont été signalées dans les quatre derniers mois en Syrie selon la France. On soupçonne chaque fois l’utilisation de Gaz chloré, le dichlore. Ce gaz ne fait pas partie de la liste de gaz chimiques illicites, la Syrie n’avait donc pas obligation à le déclarer comme elle a dû le faire pour le reste de son arsenal. Son utilisation à des fins autres que civiles est cependant interdite. Même s’il est moins dangereux que les autres gaz de la panoplie de l’armée syrienne, il peut tuer en créant des détresses respiratoires aigües. Et comme le rappelait le 21 mai le porte-parole de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), chargée de la destruction du stock syrien d’armes chimiques, même si la substance n’est pas inscrite dans la liste des produits illicites «l’usage de chlore ou d’autres produits chimiques pour tuer ou nuire à des personnes… est une violation de la convention sur les armes chimiques.» L’OIAC envisage d’envoyer une mission d’enquête pour vérifier les allégations d’attaques au chlore.
L’article du Monde
Vidéo de l’attaque sur Kfar Zeïta:
Le rapport en anglais de Human Rights Watch, 13 mai 2014
Il y a de très fortes indications que le gouvernement syrien, “la seule partie au conflit qui possède hélicoptères et autres moyens aériens”, a projeté des barils d’explosifs avec du gaz chlorin sur trois villes de nord-Syrie à la mi avril.
http://www.hrw.org/news/2014/05/13/syria-strong-evidence-government-used-chemicals-weapon
Le papier de France Télévision