En 2021, 13,4 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire, dont la moitié sont des enfants. Aujourd’hui, l’aide humanitaire des ONG et des agences internationales sont les seules pourvoyeuses des besoins fondamentaux des populations civiles. Cette aide humanitaire est aussi grandement entravée par le maintien précaire des couloirs humanitaires vers la Syrie. En juillet 2014, la résolution 2165 adoptée à l’unanimité, permettait aux agences humanitaires des Nations Unies et leurs partenaires, d’acheminer de l’aide humanitaire sans l’autorisation préalable des autorités syriennes.
>> En savoir plus sur les couloirs humanitaires en Syrie <<
Une résolution qui n’a eu de cesse d’être remise en cause notamment avec le bombardement de convois humanitaires, la réduction à un point de passage en juillet 2020 – avec la suppression des postes frontières d’Al Yarubiyah vers l’Irak, d’Al-Ramtha vers la Jordanie et de Bab El-Salam, vers la Turquie et le maintien d’un seul accès uniquement à Bab Al-Hawa à la frontière turco-syrienne pour un an jusqu’au 10 juillet 2021.
Le dernier vote du Conseil de sécurité de l’ONU a confirmé l’extension de la résolution concernant le maintien de cet accès pour une courte durée de seulement 6 mois, renouvelable 6 mois de plus jusqu’au 11 juillet 2022.
«La catastrophe humanitaire continue. Nous avons expliqué que nous, ONG, avons besoin d’avoir l’accès humanitaire librement, et d’avoir le financement pour continuer à travailler et aider la population syrienne. Ce que nous faisons là-bas, c’est remplacer le système de santé, et les besoins sont énormes. C’est pour cette raison que nous tenons premièrement à ces couloirs humanitaires et deuxièmement, à l’aide financière pour poursuivre notre mission. » Dr Ziad Alissa, Président de l’UOSSM France
>> En savoir plus sur notre plaidoyer <<
Pour l’UOSSM France et de nombreux acteurs locaux, ce prolongement est loin d’être suffisant compte tenu des besoins sur le plan humanitaire en Syrie. Cette bouée de sauvetage ne peut se substituer dans son intégralité par les ONG internationales présentes en Syrie comme l’UOSSM France. Les organismes humanitaires n’ont tout simplement pas les ressources logistiques et financières pour couvrir l’ensemble des besoins pour cette population meurtrie par la guerre et anéantie par la crise économique au Liban.
>> Découvrez l’intervention du Pr Raphaël Pitti sur France Inter <<
Cette aide vitale ne doit surtout pas cesser !
Depuis maintenant plus de 10 ans, l’aide humanitaire ne cesse d’être entravée. Tandis que l’Europe et les Etats-Unis prônent pour les années à venir la prolongation ainsi que l’ouverture de nouveaux accès transfrontaliers pour répondre aux besoins grandissants, certains pays s’opposent au maintien de ces accès. Depuis plusieurs années, la Russie n’a cessé de poser son droit de veto pour supprimer l’acheminement de l’aide transfrontalière, qui a finalement conduit à la fermeture de 3 sur 4 des corridors humanitaires ouverts depuis 2014. Selon la Russie, principale alliée de Bachar el-Assad, l’aide humanitaire devrait uniquement transiter via les lignes de fronts, autrement dit, devrait être contrôlée et centralisée directement par le régime à Damas sous prétexte de maintenir la souveraineté syrienne.
Cette alternative n’est tout simplement pas envisageable, et impacterait l’avenir des millions de syriens vivant dans les zones contrôlées par les rebelles. L’indépendance et la neutralité d’action des ONG internationales seraient ébranlées.
Ossama Hussein, coordinateur des partenariats de l’UOSSM France en Turquie, vous en dit plus sur l’importance de maintenir ces accès transfrontaliers :
« Je suis Ossama Hussein, coordinateur des partenariats de l’UOSSM France en Turquie. Maintenant, nous sommes à quelques mètres de la frontière de Bab Al-Hawa. Nous sommes ici avec 50 ONG syriennes et plus de 2000 travailleurs humanitaires pour transmettre un message au monde entier et aux décideurs qui se rencontreront le 11 juillet pour voter le renouvellement du corridor humanitaire transfrontalier afin d’aider les personnes du Nord de la Syrie. Nous parlons de 4,5 millions de personnes. 2,4 millions d’entre elles sont déplacées internes, 1,7 millions vivent dans des camps. Nous espérons que les Nations Unies aideront ces personnes et ne les laisseront pas tomber. La résolution 2165 adoptée par l’UN sur l’aide transfrontalière était l’une des plus importantes pour les couloirs humanitaires afin d’aider les personnes du Nord de la Syrie. La manifestation d’aujourd’hui renforce ce message : Il n’y a pas d’alternatives, ni d’autres solutions autres que l’extension de la résolution pour sauver les populations. Les organisations présentes sont là pour affirmer qu’elles sont les seules à apporter une réponse ici. Elles sont unies. Elles sont coordonnées. Elles agissent en concertation pour aider les populations. Si les corridors ferment, nous allons devoir faire face à une grande détresse. Car les gens ne trouveront plus de services médicaux, plus d’éducation, aucune aide pour les personnes. La crise va empirer, encore et encore. Si l’aide transfrontalière s’arrête, nous craignons l’augmentation des cas de malnutrition et des épidémies, comme la COVID-19. Nous répétons inlassablement : « Save Life Line ». Sauvons les couloirs humanitaires. Sauvons ceux qui restent. »
Durant tout le mois de juillet, vous avez été nombreux à vous mobiliser à nos côtés et en tant que porte-parole des soignants syriens, nous avons été entendu !
>> Lire notre tribune dans le journal Le Monde <<
Pour l’UOSSM France, il est indispensable de maintenir cet accès transfrontalier, essentiel à la survie de millions de personnes dans le nord-ouest de la Syrie. Plus encore, la réouverture d’autres couloirs humanitaires est un enjeu de taille pour l’avenir de la Syrie, notamment l’ancien couloir d’Al-Yarubiyah permettant d’acheminer l’aide depuis l’Irak vers les territoires du nord-est syrien.