Mission humanitaire des médecins de l’UOSSM au Bangladesh : soigner le pied diabétique

22 février 2019

Dans la région de Cox’s Bazar, où plus de 900 000 Rohingyas vivent dans des conditions de vie insalubres depuis le mois d’août 2017, les maladies chroniques font des ravages faute de soins disponibles. Parmi elles, le diabète. Cette maladie silencieuse dont la gravité est sous-estimée peut provoquer de multiples complications, dont le pied diabétique dans 15% des cas. 

Soigner le pied diabétique : pour que l’amputation ne soit plus une fatalité

La pathologie du pied diabétique représente la première cause d’amputation dans le monde selon les résultats du Groupe International de Travail sur le Pied Diabétique. En ce début d’année 2019, les médecins de l’UOSSM se sont rendus à Cox’s Bazar pour une mission humanitaire de formation des médecins intervenants auprès des réfugiés. Retour sur cette nouvelle mission, autant technique que vitale !

Toutes les 30 secondes, quelque part dans le monde, un patient est amputé à cause du diabète.

Un pied diabétique, c’est-à-dire une ulcération du pied, qui ne serait pas pris en charge, conduit inévitablement à une amputation. Pour que l’amputation ne soit plus une fatalité , l’UOSSM a mis en place pour la première fois du 28 janvier au 2 février, une formation théorique et pratique à destination de médecins exerçant dans les camps de Cox’s Bazar. Les cours ont été donnés par le Dr Dured Dardari, professeur associé à La Sorbonne et responsable de l’unité de podologie diabétique au Centre Hospitalier Sud Francilien ; Eric Deschamps, orthoprothésiste et Marie Bouly, infirmière d’éducation thérapeutique.

Au premier jour de cette mission de formation, nos médecins ont fait un constat alarmant : à la question “Faites-vous une évaluation du risque podologique chez vos patients diabétiques ?”, 100% des participants répondent non. Les former est donc une nécessité.

« C’est une formation vitale que nous proposons aux médecins des camps. En effet, prendre en charge une lésion aux pieds chez un patient diabétique, peut lui sauver la vie. Les médecins, à l’origine généralistes, dans les conditions actuelles à Cox’s Bazar, deviennent à la fois cardiologue, rhumatologue, diabétologue et même chirurgien. Ils sont obligés de tout faire. S’ils ne sont pas formés, ils sont complètement démunis. Là-bas, les centres de santé primaire sont bondés et deviennent des micros-hôpitaux. » Explique le Dr Dured Dardari.

Les 16 médecins-stagiaires (hommes et femmes) ont ainsi bénéficié de sessions théoriques afin d’apprendre les bases de la physiopathologie du pied diabétique ; des modalités de décharge (une technique permettant de favoriser la guérison) et des soins locaux ; et de l’antibiothérapie. Trois sessions ont été organisées avec des mises en pratique, des vidéos explicatives et des retours sur les cas vus au cours des visites en journée dans les centres médicaux dans les camps.

Au cours de ces visites médicales et après avoir installé une salle de consultation et organisé un poste de soins, les médecins français et leurs élèves ont pu examiner les nombreux patients qui se sont succédés (des examens complets podologiques, une détersion de l’hyperkératose avec bistouri et fraise, des soins et exercer des débridements de plaies chirurgicales). Plus d’une centaine de patients ont ainsi pu être soigné dans les différents camps de la région (camp de Balukhali, camp de Moynerguna).

« J’ai vu une population de réfugiés complètement assommée. Ils ont perdu espoir, ils n’ont plus goût à la vie. Les enfants ne sourient plus. Ils ont quitté leur village, leur maison dans lesquels ils ne reviendront sûrement jamais. C’est bouleversant. » Raconte le Dr Dured Dardari.

Cette première mission de formation à la prise en charge du pied diabétique fut un réel succès ! Les participants connaissent maintenant les méthodes d’évaluation podologique et de classement du risque de leurs patients diabétiques. Chacun d’eux a pu recevoir un certificat de formation. Pour assurer le suivi de la formation, un programme de télémédecine a été mis en place entre les médecins français de l’UOSSM et les médecins des camps de réfugiés; ainsi que l’envoi de matériel de soins et de chaussures de décharge.

L’UOSSM au Bangladesh

En 2017, 800 000 réfugiés Rohingyas ont été forcés de rejoindre le Bangladesh pour échapper aux violences dont ils étaient victimes en Birmanie. Dans le camp de Cox’s Bazar, le plus grand camp de réfugiés au monde, situé au sud du Bangladesh, près de 900 000 Rohingyas vivent aujourd’hui dans des conditions de vie insalubres. Situé dans une zone montagneuse, loin de la capitale Dacca, les déplacements sont difficiles pour atteindre le camp. Les catastrophes naturelles et conflits au sein même du Bangladesh ne font qu’aggraver la situation.

Un certain nombre de pathologies infectieuses s’y développent très rapidement et les patients sont délaissés parce que les services du Bangladesh ne traitent que les urgences. Il n’y a que deux blocs opératoires pour 1 million d’habitants. Avec une telle concentration de population, une telle promiscuité, les épidémies sont inévitables.

NOTRE ACTION

Pour faire face à cette situation d’une urgence extrême, l’UOSSM a décidé de déployer une action humanitaire médicale sur le terrain. Les médecins se sont rendus à Cox’s Bazar pour une première mission en novembre 2017 pour apporter aide et secours à ces populations privées d’accès aux soins. Notre objectif : assurer les opérations chirurgicales à l’hôpital national de Cox’s Bazar et dispenser des cours de formation pour les chirurgiens locaux, apporter des traitements médicaux aux camps de réfugiés et fournir une aide humanitaire.

Depuis, l’UOSSM ne cesse de déployer des actions au Bangladesh auprès des réfugiés Rohingyas. L’UOSSM a ouvert la toute première clinique dentaire de la région. Nos équipes sillonnent les routes de camps en camps, afin que l’accès à la santé pour tous soit garanti.

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