Lors de nos tournées avec nos cliniques mobiles, nous avons croisé le chemin de Mustafa, un homme syrien de 80 ans souffrant de diabète. Son impossibilité à suivre une alimentation correcte et à respecter la prise de médicaments faute de moyens financiers a engendré des complications graves. Une petite blessure jugée anodine, s’en ait suivi une ulcération au pied, Mustafa n’a eu d’autre choix que l’amputation des pieds et des jambes pour limiter les risques d’aggravation.
Ce phénomène, plus communément appelé le « pied diabétique », est une pathologie qui représente la première cause d’amputation dans le monde selon les résultats du Groupe International de Travail sur le Pied Diabétique.
Pour la première visite, nos agents de santé communautaires lui ont prodigué des conseils pour contrôler son diabète et l’informer des risques d’aggravation si un suivi n’était pas immédiatement établi. Nous l’avons orienté votre notre centre de santé primaire le plus proche pour recevoir un traitement régulier et entièrement gratuit.
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Lors de notre deuxième visite à domicile, Mustafa a reçu des conseils en nutrition adaptés à sa situation financière et nous l’avons orienté vers un organisme afin qu’il reçoive un fauteuil roulant pour l’aider à se déplacer. Pour notre troisième visite et quatrième visite, nous avons constaté une nette amélioration de son état psychologique et physique suite à l’obtention de son fauteuil roulant, au suivi rigoureux de son traitement, et au respect du régime que nous lui avons conseillé. Aujourd’hui, son état s’est stabilisé et son souhait le plus cher est la poursuite de nos actions dans les zones les plus difficiles d’accès. Pour que, comme Mustafa, la population puisse bénéficier dignement d’un accès aux soins essentiels.
Soigner et former le pied diabétique : pour que l’amputation ne soit plus une fatalité
En tant qu’acteur dans la santé, nous avons un rôle important à jour dans la sensibilisation et la formation des soignants. Toutes les 30 secondes, quelque part dans le monde, un patient est amputé à cause du diabète. Un pied diabétique, c’est-à-dire une ulcération du pied, qui ne serait pas pris en charge, conduit inévitablement à une amputation.
Lors de notre première mission humanitaire au Bangladesh, une formation théorique et pratique a été menée à destination des soignants exerçants dans les camps de Cox’s Bazar. Cette formation a été prodiguée par le Dr Dured Dardari, professeur associé à La Sorbonne et responsable de l’unité de podologie diabétique au Centre Hospitalier Sud Francilien ; Eric Deschamps, orthoprothésiste et Marie Bouly, infirmière d’éducation thérapeutique.
Au premier jour de cette mission de formation, nos médecins ont fait un constat alarmant : à la question “Faites-vous une évaluation du risque podologique chez vos patients diabétiques ?”, 100% des participants répondent non. Les former est donc une nécessité.
« C’est une formation vitale que nous proposons aux médecins des camps. En effet, prendre en charge une lésion aux pieds chez un patient diabétique, peut lui sauver la vie. Les médecins, à l’origine généralistes, deviennent à la fois cardiologue, rhumatologue, diabétologue et même chirurgien. Ils sont obligés de tout faire. S’ils ne sont pas formés, ils sont complètement démunis. Là-bas, les centres de santé primaire sont bondés et deviennent des micros-hôpitaux. » Dr Dured.
Ce constat s’applique à notre plus grand regret aussi en Syrie. Début janvier, le Dr Dured se rendra à Raqqa durant une semaine pour mener une formation similaire aux soignants syriens.