L’année 2019 s’est terminée. L’occasion pour nous de revenir sur les événements marquants. Bombardements, inondations, ouvertures de centres, formations, conférences : cap sur les moments clés, bons ou mauvais, qui ont fait l’année 2019.
L’hiver s’abattait sur la Syrie. Début janvier, au moins 15 enfants déplacés syriens – dont 13 ayant moins d’un an – ont trouvé la mort à cause du froid extrême, des conditions de vie éprouvantes, et du manque d’accès aux soins médicaux, dans le camp de Rukban, à la frontière syro-jordanienne.
Neige et pluies diluviennes ont marqué ce début d’année 2019 partout en Syrie, dont nous retiendrons les images des abris de fortune, emportés dans des inondations dévastatrices, et les enfants à peine couverts, jouant dans des marres de boue immenses.
Ce même mois en Turquie, nous nous félicitions de l’ouverture de notre centre de soutien psychologique et de santé mentale à Istanbul, en présence des représentants du directorat de santé Turque, de l’Union Européenne et de nos partenaires de Relief International.
Tandis qu’en France, l’UOSSM alertait sur la situation en Syrie à l’occasion du salon de la RAMN à Lille. Nos bénévoles, plus mobilisés que jamais, tout d’orange vêtus, se sont rendus pour la première fois dans le nord de la France, afin de sensibiliser et collecter des fonds pour les actions de l’UOSSM.
En février, l’intensification des combats dans la région sous contrôle de l’Etat Islamique Deir Ez Zor, a provoqué des déplacements massifs de populations. Plus de 10 000 personnes arrivaient au camp de réfugiés de Al Hol, à Hassaké, en une semaine seulement. Au cours du mois, 35 enfants et nourrissons y ont trouvé la mort, d’hypothermie et de malnutrition. L’hiver continuait ses ravages.
Ce mois de février marque aussi les premiers bombardements sur la zone d’Idelb, autour de Khan Sheikhoun et Maarat Al-Numan.
L’UOSSM, fortement mobilisée sur le terrain à Idleb, était aussi présente de l’autre côté du globe. Dans la région de Cox’s Bazar, où plus de 900 000 Rohingyas vivent dans des conditions de vie insalubres depuis le mois d’août 2017, les maladies chroniques font des ravages faute de soins disponibles. Parmi elles, le diabète. Cette maladie silencieuse dont la gravité est sous-estimée peut provoquer de multiples complications, dont le pied diabétique dans 15% des cas. En ce début d’année 2019, les médecins de l’UOSSM se sont rendus à Cox’s Bazar pour une mission humanitaire de formation des médecins intervenants auprès des réfugiés.
En parallèle, nos équipes de l’UOSSM au Canada œuvraient pour la santé bucco-dentaire des Rohingyas dans le camp de Cox Bazar, grâce à l’ouverture de la première clinique dentaire du pays.
Triste anniversaire des 8 ans de la guerre en Syrie. En 8 ans, se soigner en Syrie est devenu un défi. 11,7 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire. 50% des établissements de santé sont dysfonctionnels. 15% de la population a besoin de soutien psychologique et de santé mentale. 6,5 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire.
En France, nous lancions une nouvelle édition de nos conférences « What’s up Doc for Syria ? », cette fois-ci, à la faculté de médecine de Nancy. La conférence était animée par le Pr Raphaël Pitti, et le Dr Jubran Durbas, un chirurgien vasculaire, formé par l’UOSSM en Syrie, avant de venir en France. Leur expertise, leur vécu et leur humanité ont fait écho chez les soignants ou futurs soignants de la faculté.
28 avril 2019. Date fatidique pour la région d’Idleb. Le dimanche 28 avril, deux hôpitaux étaient frappés par des attaques aériennes. L’hôpital Al Madiq et l’hôpital Al Latamneh, dans le nord de Hama, étaient mis hors service. 5 civils ont été tués dans la région au cours de la même vague de frappes aériennes. Après ce jour, les bombardements ont été continus sur cette zone.
Toujours mobilisés et d’orange vêtues, les équipes de bénévoles de l’UOSSM étaient cette fois au salon RAMF à Paris. Un événement qui a fait rayonner la solidarité en Syrie. Au programme : casques de réalité virtuelle, en immersion dans notre hôpital Bab Al-Hawa ; reconstitution d’un hôpital ; Kids Doctors, un parcours pédagogique pour les enfants ; atelier d’initiation aux premiers secours.
Notre travail de sensibilisation en France ne s’est pas arrêté là. À l’occasion des 4èmes journées de Médecine d’Urgence du Grand Est, l’UOSSM, représentée par le Pr Raphaël Pitti, le Dr Jubran Durbas et nos bénévoles, est allée à la rencontre de plus de 200 médecins et une centaine d’infirmiers urgentistes au centre des congrès Schuman de Metz. L’occasion de sensibiliser et alerter sur les conditions de travail de leurs collègues en Syrie.
En mai, nombre de structures médicales, humanitaires, éducatives et de services ont été directement ciblées et mises hors-services. Les hôpitaux et centres de santé manquaient de tout ! Pas étonnant lorsque l’on sait que le nombre d’habitants a augmenté d’environ 300% depuis 2011 et plus de la moitié d’entre eux sont des déplacés. La région accueille plus de réfugiés que l’ensemble de l’UE, des États-Unis, du Canada et de l’Australie, tous regroupés sur 6000 km². Et dans ces 6000m², un million d’enfants vivent dans la violence.
A la fin du mois, 44 ONG syriennes et internationales appelaient à la fin immédiate des attaques visant des civils et des hôpitaux à Idleb.
Pour répondre à l’urgence, l’UOSSM décidait de mettre en place cinq cliniques mobiles supplémentaires d’ici la fin du mois. La réponse médicale la plus appropriée pour ces personnes déplacées devait se faire via des cliniques mobiles. Il n’y avait que cinq cliniques mobiles dans la région du nord-ouest. La campagne d’urgence “Soutenir nos cliniques mobiles” était lancée.
Parmi les cliniques que nous souhaitions soutenir : les cliniques dentaires. Avec le conflit, les syriens ont cherché à tout prix sécurité, nourriture et accès à la santé. Mais ils ont négligé une chose, qui certes, paraît minime face à la gravité de la situation : leurs dents. L’offre quasi-inexistante et les tarifs ont fait que beaucoup ont préféré se passer de soins, mettant de côté la douleur.
Afin de sensibiliser sur la santé des dents, l’UOSSM s’est associée avec Les Gribouillages de Rakkid. Sur un ton humoristique, nous avons publié une série d’illustrations instructives qui nous rappellent à tous que, les dents, c’est la santé !
L’intégralité des personnels médicaux et des soignants était en état d’urgence, en alerte permanente dans le nord de Hama et au sud d’Idleb. 55 structures médicales (hôpitaux, centres de santé, dispensaire, etc.) avaient été détruites depuis plus d’un mois à cause des bombardements incessants sur la région.
Dans la région du sud d’Idleb, seulement un hôpital était encore ouvert pour une population de 500 000 personnes. L’utilisation de phosphore et de bombes ajoutées aux attaques aériennes a créé un climat apocalyptique pour les populations.
En France aussi, nos médecins agissaient. Le Pr Raphaël Pitti, médecin humanitaire de l’UOSSM, lançait une cagnotte pour la mise en place de 2 cliniques mobiles dentaires en Syrie et Irak. Ce projet de clinique mobile marque le début des actions de l’UOSSM en Irak dans la région d’Erbil et de Dahouk auprès des réfugiés syriens.
Toujours en France, l’UOSSM proposait des ateliers de sensibilisation à la santé humanitaire et à l’hygiène bucco-dentaire à destination des 4 à 12 ans À travers un parcours ludique et pédagogique, les enfants se mettent dans la peau de : un secouriste en apprenant les 3 gestes qui sauvent ; un médecin humanitaire en soignant Nounours victime d’une fracture ; un dentiste en apprenant les bonnes pratiques d’hygiène bucco-dentaire. L’occasion de passer un après-midi en famille pour découvrir la santé humanitaire avec l’UOSSM.
Lundi 22 juillet, 8h35. Un lundi ensoleillé en Syrie. On se précipite aux étals multicolores du marché, où les odeurs se mêlent. Sur la place de la ville de Maarat Al Nouman, dans la province d’Idleb, le brouhaha s’élève. On négocie, on crie, on se fraie un chemin dans ce marché bondé. Mais soudain, tout s’arrête. Un vacarme retentissant vient du ciel. Et les bombes tombent. 37 personnes trouvent la mort. Les médias et l’opinion publique se tournent de nouveau vers la Syrie.
Une image marquera ce mois de juillet et fera le tour du monde : celle de la petite fille tenant à bout de bras sa petite sœur au-dessus des ruines après un bombardement.
Depuis la Syrie, le Pr Raphaël Pitti et le Dr Ziad Alissa envoyaient une vidéo d’alerte sur la situation. Ils sont alors sur place pour former le personnel médical sur le terrain aux techniques de médecine de guerre et d’urgence, pour une semaine.
En juillet, nous annoncions également nos premiers pas au Yémen. L’UOSSM a ouvert un nouveau bureau à Aden, au Yémen. Après plusieurs visites sur le terrain, et concertations entre des représentants du ministère de la santé du Yémen, des acteurs humanitaires, des agences gouvernementales, le bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ce nouveau bureau a été créé afin de permettre l’élaboration d’une réponse humanitaire basée sur les priorités en matière de besoins médicaux.
Un autre projet voyait aussi le jour. Le 29 mai 2017, l’UOSSM lançait le projet Syria Solar. 480 panneaux solaires photovoltaïques capables de produire 127 kWp de courant continu, afin d’assurer la stabilité électrique des hôpitaux dans le pays. Deux ans plus tard, nous avons été fiers d’annoncer le lancement d’un deuxième système d’énergie solaire dans le nord-ouest de la Syrie.
Installé en juillet 2019 sur l’hôpital Arkabat, l’un des principaux hôpitaux du nord-ouest de la Syrie spécialisé en orthopédie, ce projet va permettre d’économiser 60 000 litres de diesel par an et d’assurer des services médicaux essentiels ininterrompus 24h/24. Et ce, grâce à 300 panneaux solaires photovoltaïques, 12 onduleurs d’une capacité de 90 kWc en courant continu, 216 batteries capables de stocker 540 kWh de puissance et des systèmes de contrôle de données avancés.
De Syrie à Paris, les médecins de l’UOSSM se mobilisaient pour #SAUVERIDLEB. Pour dire stop au massacre qui se déroulait sous nos yeux dans la province d’Idleb. Les images qui nous parvenaient, et nous parviennent encore, sont terrifiantes ! Des raids aériens et des bombardements, qui frappent sans distinction de cibles, des corps d’enfants, de femmes et d’hommes s’amoncellent sous les décombres. Une situation qui avait atteint son paroxysme avec le bombardement du marché de Maarat Al-Nouman.
Ils s’appellent Riham, Rahma, Wissam, Zein, Shahad, Mahmoud, Ahmed, Rana, Khalid, Suleiman, Ibrahim… Ils ont été tués à Idleb dans les bombardements d’une violence inouïe qui s’abattent sur la région. Et n’auront finalement connu que la guerre… Plus d’1 millions d’enfants vivent dans la province d’Idleb en Syrie, bombardée quotidiennement depuis 3 mois.
Sur les réseaux sociaux, l’UOSSM choisissait de rendre hommage aux enfants tués à Idleb avec ce dessin original du dessinateur Rakidd des Gribouillages de Rakidd.
L’inacceptable de nouveau se passait alors que nous commencions le mois de septembre. L’hôpital obstétrique Al-Iman était bombardé, et nous étions sans-voix devant les terribles images des nouveau-nés évacués de l’hôpital.
Le lundi 16 septembre, le Pr Raphaël Pitti se rendait à l’Assemblée nationale pour porter la voix des soignants en Syrie. Aux côtés de Rabia Ben Ali, juriste à Médecins Sans Frontières, il a été auditionné par les députés Moetai Brotherson et Jean-François Mbaye de la commission des Affaires étrangères et co-rapporteurs de la mission d’information sur le droit international humanitaire à l’épreuve des conflits.
Pour assurer le transfert des blessés vers les hôpitaux encore en service et répondre à l’urgence de la guerre, l’UOSSM mettait en circulation 3 ambulances auprès du directorat de santé d’Idleb.
En octobre, l’UOSSM vous invitait à venir découvrir le documentaire POUR SAMA de Waad Al-Kateab et Edward Watts, au cours d’une projection exceptionnelle le jour de la sortie officielle du film. Pour relayer du Dr Hamza, médecin d’Alep et de sa femme, réalisatrice du film, tous deux protagonistes du film, l’UOSSM se mobilisait ! Partenaire du film, nous avons organisé deux projections-débats, notamment avec le soutien du Dr Nathalie Roberts de Médecins Sans Frontières.
Cela marquait également les deux ans de la pétition Doctors in Danger lancée sur le site Change.org par le Pr Raphaël Pitti, dans laquelle il évoquait le sort de ses collègues soignants ciblés dans les affres de la guerre au mépris du droit international humanitaire. Près de 200 000 personnes à travers le monde ont répondu à cette mobilisation en signant la pétition. Ce soutien aux soignants en Syrie est essentiel pour dire stop à ces crimes de guerre.
Les attaques se poursuivent, mais la détermination de l’UOSSM ne baisse pas. Un nouveau centre voit le jour. Le centre de santé Qubtan, dans la région d’Alep, vient ouvre ses portes ! Son ouverture s’inscrit dans le cadre d’un protocole d’accord signé par l’UOSSM en septembre 2019, avec le Directorat de santé d’Alep, dans le but de fournir un soutien en matière de service de santé dans toute la région.
Direction Marseille pour nos bénévoles, afin de participer au salon RAMS. Dernier salon de l’année pour notre équipe « orange ».
A chaque jour son lot de souffrance et d’attaques en novembre. Le centre de santé de l’UOSSM à Jisr Al Shougour, la station d’ambulance de Jisr Al Shougour, l’hôpital pour enfant et l’hôpital de Kafr Nabl, l’hôpital Shannan pour femmes et enfants à Ariha, l’hôpital chirurgical Kiwan fondé par l’UOSSM à Kansafra, l’hôpital Al-Amal spécialisé en gynécologie et pédiatrie sont autant de structures visées par les bombardements et mises hors service.
A la fin du mois, les camps de déplacés de guerre à Idleb sont de nouveau inondés…
En France, l’UOSSM organisait un grand dîner de solidarité à l’Institut du monde arabe. Ce dîner, placé sous le signe de la solidarité et de la générosité, a été l’occasion de présenter les projets d’avenir de l’UOSSM, dont la présence évolue quotidiennement auprès des syriens et des réfugiés dans les pays limitrophes. « La guerre n’est pas finie en Syrie ! » : c’est le triste constat sur lequel nous sommes revenus dans la soirée, afin de mieux comprendre les enjeux humanitaires qui nous attendent.
Vous entendez ?
Une guerre sans front.
Une guerre sans sons.
Une guerre sans images.
Ici la Syrie, entendez-moi !
C’est le message qui a été diffusé par l’UOSSM en cette fin d’année. En décembre, l’UOSSM vous invitait à plonger au cœur de la vie de syriennes et syriens qui ont croisé notre route, et qui depuis 8 ans, luttent pour survivre à travers 8 histoires nées de la guerre, mais aussi 8 histoires de victoires et d’espoir.
Le 18 décembre, l’UOSSM organisait l’événement « Ici la Syrie, entendez-moi » place Joachim-du-Bellay, à Paris. A l’occasion de la Journée internationale des migrants, l’UOSSM a investi la place parisienne afin de sensibiliser sur les conditions des 6,2 millions de déplacés de guerre internes. Tout au long de la journée, plusieurs activités ont été proposées : reconstitution d’un service d’urgence de l’hôpital Bab-Al-Hawa, formation par des soignants aux premiers secours, activité immersive par la réalité virtuelle.
La ville de Maarat Al-Nouman en Syrie, dans la province d’Idleb, subissait sans discontinuer, des attaques aériennes, des bombardements, des frappes d’artillerie. C’est pourquoi l’UOSSM lancait un appel solennel au président de la République Emmanuel Macron pour débloquer une aide humanitaire et médicale dans la province d’Idleb. Nous, français, devons réagir et apporter notre soutien à ces populations civiles qui fuient la guerre depuis maintenant 8 ans.
Après notre lettre d’alerte envoyée au président de la République, le 30 décembre 2019, sur la situation catastrophique à Idleb, l’UOSSM a été reçue le mercredi 8 janvier 2020 à l’Elysée, en compagnie d’autres associations humanitaires agissant en Syrie. L’occasion pour nous de faire entendre la voix des soignants en Syrie et des populations déplacées à Idleb.