Engagée dans la formation médicale à la médecine de guerre depuis plus de 10 ans en Syrie, l’UOSSM France lance en urgence la création d’un centre de formation à la médecine humanitaire à Lviv, en Ukraine. Mercredi 6 avril, le Pr Raphaël Pitti et le Dr Ahmed Bananeh se sont rendus sur place à la rencontre d’acteurs locaux souhaitant s’investir dans ce projet ambitieux. Retour en images de cette mission exploratoire inédite.

Ouverture d'un centre de formation en Ukraine : mission exploratoire à Lviv

C’est en partenariat avec la Chaîne de l’Espoir que l’UOSSM France lance le 1er centre de formation à l’intérieur de l’Ukraine pour les aider à prendre en charge ces pathologies si particulières en contexte de guerre. Pour mener à bien l’ouverture de ce centre, le Pr Raphaël Pitti, responsable Formation de l’UOSSM France et le Dr Ahmed Bananeh, Vice-Président de l’UOSSM France se sont rendus à Lviv afin de rencontrer les autorités locales, françaises, ainsi que les soignants ukrainiens pour leur faire part de notre projet.

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Arrivés, à l’aéroport de Varsovie le mercredi 6 avril 2022, nos deux médecins se sont rendus jusqu’à la frontière ukrainienne-polonaise à Medyka. A la frontière, de nombreuses ONG et associations religieuses étaient présente pour apporter aide médicale et matérielle de première nécessité à toutes ces populations ayant trouvé refuge à l’extérieur du pays. L’occasion pour notre équipe de médecins de rencontrer de nombreux médecins locaux pour les sensibiliser sur notre projet de formation.

Le lendemain, l’équipe rencontre Yuriy, notre futur coordinateur médical du centre de formation. Yuriy nous a permis de rencontrer l’adjoint du maire, qui, intéressé par notre projet, nous propose de nous mettre à disposition des locaux.

Après avoir rencontré de nombreux acteurs locaux et internationaux pour promouvoir le lancement de notre centre de formation et instaurer un climat de confiance, le Pr Raphaël Pitti et le Dr Ahmed Bananeh sont allés à la rencontre des soignants ukrainiens pour leur présenter le projet. Les soignants rencontrés se sont montrés enthousiastes et certains ont exprimé leur souhait de prendre part à l’aboutissement du centre de formation.

L’objectif majeur de cette mission exploratoire visait à recruter à minima 6 soignants ukrainiens intéressés pour devenir les futurs formateurs de notre centre de formation à Lviv.

A la suite de ce voyage, 9 soignants ukrainiens ont répondu présents à notre appel. Ils se trouvent actuellement à Metz pour bénéficier de notre formation de formateur à la médecine de guerre durant 1 semaine. A leur retour en Ukraine, les soignants auront toutes les clés en mains pour faire vivre notre centre de formation et former à leurs tours médecins, secouristes et infirmiers afin de sauver un maximum de vies.

Formation à la médecine de guerre : pilier fondateur de l’action de l’UOSSM France

Le 24 février dernier, la guerre s’est invitée au cœur de l’espace européen. Cette guerre n’est que la suite tragique de ce que nous connaissons depuis 11 ans en Syrie. Elle a précipité la population dans une crise humanitaire sans précédent. Pour l’UOSSM France, il était urgent d’agir pour soutenir les soignants ukrainiens.

La guerre en Ukraine comme en Syrie est une guerre qui impacte directement les hôpitaux civils. C’est une guerre totale, les bombardements ne sont pas discriminés entre les populations civiles et militaires.

Les hôpitaux et personnels soignants ne sont pas préparés à faire face à cette situation d’afflux et à ces pathologies, très spécifiques, de la médecine de guerre et plus largement de catastrophe. Des concepts ont été développés pour la prise en charge de ces afflux : le triage, le damage control, la stabilisation des lésions avant d’envisager leurs traitements.

Par ailleurs, la situation, comme celle que nous avons connu en Syrie, d’encerclement et de siège emmène les hôpitaux a travaillé en situation dégradé, par manque de moyens et de personnels. Cette situation si particulière où les hôpitaux sont eux-mêmes l’objet de cible peut amener aussi à devoir travailler clandestinement en organisant une structure de soins et de traitement dans des appartements ou dans des caves. 

50% des blessés, des victimes, dans ces situations de guerre meurent dans la première heure, d’asphyxie ou d’hémorragie.

Le personnel soignant civil et particulièrement, les secouristes, qui assurent la prise en charge des victimes sur le terrain, en pré-hospitalier, sont eux aussi confrontés au relevage (ramassage) et au transport des victimes jusqu’aux structures sanitaires. Ils sont bien entendu dans des situations de dangerosité pour leur travail car ils peuvent être amenés à travailler sous les tirs et sous les bombardements. Il nécessite déjà une formation spécifique pour ce que l’on peut appeler l’extraction en zone de combats. Par ailleurs, 50% des blessés, des victimes, dans ces situations de guerre meurent dans la première heure, d’asphyxie ou d’hémorragie. Il y a donc une formation à acquérir qui est le “damage control” dit de l’avant (avant l’hôpital) afin de stabiliser les victimes et de pouvoir les transporter jusqu’à l’hôpital. 

L’arrivée de ces victimes à l’hôpital nécessite une organisation qui débute par le triage afin de catégoriser les victimes selon leurs urgences, leur niveau d’urgence. Le tri nécessite par lui-même une formation, car le trieur doit avoir à la fois des compétences chirurgicales de réanimation, et de logisticien. Le triage est à géométrie variable, car il dépend du nombre de victimes, des moyens dont les soignants disposent et des capacités possible d’évacuation. 

La stabilisation des victimes, surtout en urgence immédiate ou absolue, dont le pronostic vital est engagé, impose des gestes de réanimation, de chirurgie de sauvetage, qui nécessite une pratique de ce que l’on appelle “la chirurgie de guerre” ou aujourd’hui “le damage control chirurgie de guerre”. Ainsi, se dégage la nécessite de former les personnels soignants depuis les secouristes, les infirmiers, les chirurgiens à la médecine de guerre. 

Au cours des ces 10 dernières années, l’apprentissage de ces techniques médicales complexes prodiguées par l’UOSSM France ont fait leur preuve auprès de plus de 30 000 soignants en Syrie. En dupliquant ce procédé en Ukraine, l’UOSSM France s’engage à soutenir le personnel soignant ukrainien afin de sauver un maximum de vies.